La ministre de la Santé s'est dite opposée à l'idée d'autoriser la grande distribution à vendre des médicaments sans ordonnance, comme l'a suggéré dans un avis rendu public jeudi 4 avril l'Autorité de la concurrence.
« Je n'y suis pas favorable », a dit Agnès Buzyn au micro d'Europe 1. « Quand on parle de la désertification médicale, de l'abandon des territoires, de fragiliser les petites pharmacies en zone rurale qui sont souvent le premier recours pour les personnes malades, je pense que ça serait une très mauvaise idée et un très mauvais signal », a commenté la ministre. Par ailleurs, « considérer que les médicaments, ça s'achète comme n'importe quel produit de consommation alimentaire, je trouve ça problématique », a encore souligné la ministre. « Il y a toujours des effets secondaires quand on prend des médicaments, ça nécessite toujours un conseil et les pharmaciens sont là pour donner des conseils, orienter les gens », a-t-elle ajouté.
Dans son avis, l'Autorité de la concurrence a recommandé d'élargir la vente de médicaments sans ordonnance aux parapharmacies et à la grande distribution. Une telle évolution devrait avoir pour cadre des espaces dédiés au sein des supermarchés, avec la présence « obligatoire et continue d'un pharmacien » responsable, selon l'Autorité, qui a par ailleurs souligné que l'installation de ces nouveaux lieux de dispensation devrait aussi être encadrée par les autorités pour ne pas affaiblir le maillage territorial des pharmacies, l'une des craintes majeures des syndicats du secteur. L'Autorité a aussi recommandé d'assouplir les modalités de vente sur internet des médicaments sans ordonnance par les pharmacies.
« On ne peut pas tout acheter sur Internet »
« Nous y travaillons, parce qu'il y a une demande, un besoin, nous avons un groupe de travail qui se réunit avec les pharmaciens », a commenté à ce propos Agnès Buzyn sur Europe 1. « Mais là encore, pour moi l'enjeu c'est la sécurité », a-t-elle ajouté. « On ne peut pas tout acheter sur Internet, il faut absolument sécuriser ces achats (...), il faut que les pharmaciens, notamment de proximité, puissent bénéficier de cette vente en ligne et que ça ne soit pas au détriment de ce maillage territorial extraordinaire et du travail que font les pharmaciens au quotidien pour la santé publique », a souligné la ministre.
Dans communiqué, le premier syndicat de la profession, la FSPF, s'est réjoui que la ministre ait « clairement pris position contre la dispensation de médicaments hors des officines », se disant « prêt à étudier » avec elle « les évolutions utiles » de la vente en ligne « compatibles avec la sécurité ».
De son côté, l'USPO a invité vendredi les pharmaciens à faire signer par leurs patients une pétition contre « la vente des médicaments en grande surface », les « plateformes internet », « l'ubérisation » de la santé et l'ouverture du capital des officines à des investisseurs extérieurs, autre piste recommandée par l'Autorité de la concurrence.
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