Le gouvernement entend faire des économies massives sur les textes budgétaires pour 2025 et la santé ne sera pas épargnée. Lors des questions au gouvernement du 28 février, le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux a évoqué, comme piste de réflexion, la remise en question du dispositif actuel de prise en charge des affections longue durée (ALD), qui concerne 20 % des Français soit 13 millions de personnes.
Ces patients, atteints de pathologies chroniques inscrites sur une liste dédiée (cancer, diabète, insuffisance cardiaque, maladie d'Alzheimer…), bénéficient d'une prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale de leurs soins liés directement à cette maladie, dans la limite des plafonds prévus. Les autres soins ne sont normalement pas concernés et doivent être clairement distingués sur les prescriptions médicales, ce qui n'est pas toujours le cas.
Interroger la « pertinence » du dispositif
Répondant au député Christophe Bentz (Rassemblement national), Frédéric Valletoux n’a pas fait mystère d’une réflexion en cours sur les ALD. Le ministre a expliqué que ces dépenses représentent « les deux tiers des remboursements par l'Assurance-maladie. Il n'est donc pas illégitime, illogique, comme cela a été fait régulièrement, d'interroger (...) la pertinence de ces dispositifs », a-t-il nuancé, sans préciser à ce stade quels leviers étaient envisagés. Avant de poursuivre : « Avec le vieillissement de la population, la montée des pathologies chroniques fait qu'effectivement, ces enveloppes ne vont faire qu'augmenter. »
Ce timing de réflexion sur les ALD interroge nombre de médecins sur le réseau social X (ex-Twitter), car le président de la République, comme ses ministres successifs, avaient fixé comme priorité 2023 de trouver un médecin traitant aux quelque 710 000 patients en ALD qui en sont dépourvus. Un semi-échec à ce stade puisque seuls 240 000 patients concernés ont pu en trouver un. Il reste donc 470 000 personnes en ALD sans MT, selon des chiffres publiés par la Cnam. « Le taux de patients en ALD sans médecin traitant a ainsi baissé de 25 %. La courbe a été clairement infléchie sur l’année 2023 », se félicite tout de même l’Assurance-maladie.
Rembourser les soins en fonction des revenus, une autre piste ?
Invoquant une croissance moins vigoureuse qu’espérée en 2024, l’exécutif a déjà « annulé » ces derniers jours dix milliards d'euros de dépenses budgétées dans des domaines allant de l'écologie à l'enseignement supérieur en passant par l'école, la justice, la défense, la cohésion des territoires et l'aide publique au développement. Et avant même ce coup de rabot, il avait souligné la nécessité de trouver 12 milliards d'économies supplémentaires pour son prochain budget 2025, répartis a priori également entre le PLFSS (Sécu) et le PLF (budget de l’État), soit au minimum six milliards d’euros dans le champ de la santé.
Pour réduire les dépenses de santé, le gouvernement mise notamment sur les négociations en cours entre Assurance-maladie et syndicats de médecins libéraux, qui pourraient s'engager à réduire leurs prescriptions de médicaments, d’examens et d'arrêts maladie, par le biais d’objectifs collectifs mesurables.
D'autres pistes sont connues, comme le renforcement du « covoiturage » dans les transports sanitaires. Beaucoup plus explosif, Matignon envisagerait également de rembourser certains frais de santé (comme le remboursement des trajets en taxi) « en fonction des revenus », ce qu’a confirmé au Quotidien une source à Bercy, sans donner, à ce stade, plus de détails.
L.J. (avec AFP)
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