Inefficace le programme sophia de l'assurance-maladie ? Au contraire, rétorque la CNAM, qui publie ce jeudi une évaluation, dix ans après les débuts du programme, dont elle qualifie les résultats de « satisfaisants ».
Sophia est un programme d'accompagnement personnalisé du patient diabétique, expérimenté en 2008 dans neuf départements puis étendu à l'ensemble du territoire en 2013, avant d'être ouvert aux personnes asthmatiques en 2014. Sophia compte désormais 873 000 adhérents (pour trois millions de personnes éligibles), dont 791 663 patients diabétiques et 71 960 adhérents asthmatiques.
Les conclusions de la CNAM sont claires : l'adhésion au programme améliore la santé des patients diabétiques. Ainsi, ceux qui ont adhéré en 2015 (année de la dernière évaluation médico-économique) au service n'étaient que 29 % à réaliser un bilan rénal annuel l'année avant leur entrée dans le programme ; contre près de 40 % l'année suivante (2016) et 48 % en 2018. Idem pour la réalisation du fond d'œil (à réaliser tous les deux ans). Les nouveaux adhérents de 2015 étaient 43 % à faire cet examen avant leur adhésion, contre 62 % quatre ans plus tard.
Plus d'examens, moins de décès
De manière générale, les patients diabétiques du programme sophia ont un meilleur taux de réalisation des examens recommandés. Il est supérieur de 2 à 4,7 points à celui des personnes diabétiques non-adhérentes pour les deux dosages d'hémoglobine glyquée, et de 3,8 à 5,3 points pour le bilan lipidique. En revanche, il n'augmente que peu pour le bilan dentaire (de 0 à 2 points). Les hospitalisations sont quant à elles « modérées » à partir de la sixième année d'adhésion.
Au bout de sept ans, un patient diabétique aura évité 19 jours d'hospitalisation (pour sa pathologie ou des complications liées) par rapport à un autre patient ne faisant pas partie du programme sophia, estime la CNAM. De même, 17 journées d'hospitalisation pour évènement cardiovasculaire majeur sont empêchées.
Le taux moyen annuel de décès est aussi réduit. Il est de 3,1 % pour les adhérents à Sophia, contre 3,6 % pour les malades en dehors.
En termes de coût enfin, l'impact est visible au bout de sept ans également. Une économie de 289 euros par an et par adhérent est mise en avant par la CNAM, essentiellement sur l'hospitalisation.
Les médecins encore mitigés
Concernant le programme sur l'asthme, le recul est moins important mais l'assurance-maladie estime qu'après deux ans d'adhésion, l'observance médicamenteuse est améliorée de six jours par an (127 jours de couverture médicamenteuse). De même, la part de patients ayant réalisé une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR) est supérieure de 3,6 points à celle de la population qui n'est pas adhérente au programme. « Globalement, ces signaux sont intéressants. Cela prend du temps, mais on voit que l'on obtient des résultats », conclut Annelore Coury, directrice déléguée à la gestion et à l'organisation des soins.
Cela suffira-t-il à convaincre les médecins généralistes de l'intérêt de Sophia ? Plusieurs syndicats ont été très critiques avec ces dispositifs. Récemment, l'UFML estimait que l'assurance-maladie s'amusait à « jouer au docteur ». Les médecins de terrain utilisateurs de sophia sont plus modérés. Dans un sondage commandé par la CNAM, ils estiment à 80 % que l'assurance-maladie est dans son rôle et plus des trois quarts des médecins jugent le programme utile et complémentaire de leur activité. Mais ils sont également 56 % à ne pas avoir vu de résultats concrets sur leurs patients… « Il faut continuer à convaincre les médecins tout en améliorant le ciblage des patients », estime Annelore Coury.
La CNAM songe par ailleurs à faire en sorte que les diabétologues et les pneumologues puissent inscrire les patients dans le programme. Les adhérents, de leur côté, estiment à 90 % que ce service les aide à mieux comprendre leur diabète et ses complications.
* Enquête de A + A menée en juin 2018 auprès d'un échantillon représentatif de 300 médecins généralistes ayant des patients éligibles au service sophia.
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships