Profil de gaffeuse ? Ou volonté délibérée de mettre les pieds dans le plat ? C’est peut-être les deux à la fois qui valurent à Roselyne Bachelot, à l’époque ministre de l’Ecologie, de déclencher en novembre 2003 une tempête médiatique dont elle se serait bien passée. L’intéressée assure pourtant que rien de tout cela ne la guidait quand elle a lâché à Jean-Michel Apathie au micro de RTL que le président Chirac était malentendant. Cinq petits mots suffirent, semble-t-il à affoler les médias et les proches du président d’alors. « Le président porte-t-il un appareil auditif ? » demande le journaliste. « Il me semble que oui », répond la ministre.
Elle a raconté l’anecdote dans plusieurs de ses livres de souvenirs et explique qu’elle n’a délivré alors qu’un secret de polichinelle, concernant un handicap courant, ajoute-t-elle, et qui n’a rien d’une maladie honteuse au demeurant. Elle évoque aujourd’hui cette histoire avec décontraction, s’amusant des démentis alambiqués et semi-aveux de l’Elysée atteignant, selon elle « le sommet du ridicule ». Pourtant, c’est une ministre à la mine contrite et fermée qui sortit ce matin-là du conseil des ministres… Avec le recul, tout de même, elle confesse dans « la petite fille de la Ve République» avoir ouvert, bien malgré elle, la boite de Pandore : « je n’ai pas réalisé, sur l’instant, que je mettais à mal une stratégie savamment échafaudée par l’entourage du président afin de rendre possible un troisième mandat. Pour cela, l’image d’un homme toujours jeune devait être préservée. »
Aujourd’hui, Roselyne Bachelot demeure persuadée que l’incident a été la cause de son départ du gouvernement quelques mois plus tard. « J’avais commis un crime non pas de lèse-majesté mais de « lèse-juvénilité ». Qui ne me fut jamais pardonné. » De fait, dès le lendemain de cette sortie radiophonique, Bernadette Chirac –qui ne l’aimait guère- lui lança un « vous en avez fait de belles ! » qui en guise de bonjour valait un au revoir anticipé. Ce fut effectif quelques mois plus tard, à l’issue d’une défaite cinglante aux élections régionales : le gouvernement est remanié et Roselyne Bachelot doit faire ses cartons. Heureusement pour elle, elle appartient à cette catégorie de politiques qui ont eu plusieurs vies à la fois… Les médecins en savent quelque chose qui l’ont retrouvé au ministère de la Santé trois ans plus tard, toujours avenue de Ségur, à quelques dizaines de mètres seulement de son ancien ministère… Avant que ce soit elle-même qui, quelques années plus tard, pose à son tour les questions sur le petit écran.
Neuf ans plus tard, les explications de Roselyne Bachelot sur Public Sénat
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