Sûr de ses forces, Bruno Le Maire, historique ministre de l’Économie et des Finances d’Emmanuel Macron, reconduit à chaque remaniement, se positionne chaque semaine publiquement sur divers sujets de santé (ALD, IJ, transports et dispositifs médicaux, remboursements, franchises…) et pousse ses pions sur l’urgence de faire des économies massives, au risque d’agacer les autres ministres également chargés de ces questions.
La sortie très médiatique le 20 mars de son nouveau livre aux allures de programme, La Voie française (Flammarion) intervient au moment où ses collègues du gouvernement Catherine Vautrin, Frédéric Valletoux et Fadila Khattabi essayent d’imprimer leur propre marque et tentent de donner des gages aux différents secteurs en souffrance de leur portefeuille (libéraux, établissements de santé et médico-social).
12 millions de patients en ALD
Certes, l’urgence budgétaire est toujours avancée en premier lieu par le ministre de l’Économie pour justifier ses interventions, y compris dans le champ de la santé : le temps presse, quelque 20 milliards d’euros d’économies doivent être trouvés pour les budgets 2025 (Finances et Sécu). Mais ce cadrage conduit Bruno Le Maire à préparer les esprits à des mesures difficiles, à l’heure où le secteur de la santé dans son ensemble réclame des investissements supplémentaires.
Ce lundi, au micro de France Inter, Bruno le Maire a assuré croire « viscéralement » à la Sécurité sociale mais il a décrit une situation 2024… très différente de celle d’après-guerre, semblant parfois remettre en question les fondements historiques de notre modèle social. Le vieillissement de la population, explique-t-il, se conjugue à l’augmentation des personnes en affection longue durée (ALD) – 12 millions en France en 2021, contre 8 millions dix ans auparavant. Pour continuer de protéger les personnes les plus vulnérables, il faut évaluer la pertinence du panier de soins remboursés, assume le locataire de Bercy. Quitte à faire le ménage ?
La prise en charge des ALD est « nécessaire et légitime », précise-t-il au JDD le 17 mars, mais le coût représente « 120 milliards », soit la moitié de la totalité des dépenses de soins. « Veut-on ignorer cette réalité ? Ou veut-on garantir à tous ceux qui en ont réellement besoin un accompagnement digne de la France ? », interroge Bruno le Maire. La Cnam, qui négocie avec les médecins libéraux, propose de son côté de renforcer le « juste recours à l’ordonnancier bizone » pour les patients en ALD. Mais le DG de la Cnam, Thomas Fatôme, ne fait pas mystère qu’il existe un travail d’évaluation et expertise concernant le dispositif des ALD « du côté de l’État ».
La responsabilisation, jusqu’où ?
Pour « protéger » ces personnes, garantir une vie « digne » à celles qui vieillissent, sont dépendantes, ainsi que pour celles qui connaissent un accident de la vie, Bruno Le Maire défend sur les plateaux et les ondes la « responsabilisation » des assurés, seule manière à ses yeux de sortir du « mirage de la gratuité universelle ». Premier jalon assumé : le doublement de la franchise sur les boîtes de médicament, par décret, donc sans débat au Parlement. Une mesure qui permettra d’économiser environ 600 millions d’euros par an. Prochain cheval de bataille, les transports médicaux, qui représentent 5 milliards d’euros chaque année. Il se dit « convaincu » que l’État peut faire « mieux pour moins cher ».
Rapportant par ailleurs que « des heures » ont été consacrées au Parlement sur la réforme de l’aide médicale d’État (AME) – laquelle doit être débattue cette année – Bruno Le Maire appelle à « consacrer le même temps aux grands enjeux du vieillissement, de la prise en charge de la dépendance ».
En prévision du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), il appelle déjà les oppositions à « faire des propositions de recettes », plutôt que de dépenses. Une autre façon de préparer les esprits ?
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