L'annonce ce dimanche de la candidature d'Agnès Buzyn aux élections municipales de Paris, pour La République en Marche (LREM), en remplacement de Benjamin Griveaux qui a jeté l'éponge après la diffusion de vidéos sexuelles, a entraîné un remaniement ministériel.
Le Dr Olivier Véran, neurologue de 39 ans au CHU de Grenoble, est le grand bénéficiaire de ce jeu de chaises musicales. Le député LREM de l'Isère a en effet été nommé dimanche au ministère de la Santé.
Déjà pressenti en 2017
Membre influent de la galaxie santé d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, le neurologue avait déjà été pressenti en mai 2017, pour être ministre de la Santé. Il avait été coiffé sur le poteau par Agnès Buzyn, alors présidente de la HAS.
Olivier Véran a progressivement gravi tous les échelons dans la sphère de la santé. Député expert des questions de santé, très investi lors de l'élaboration du budget de la Sécu, il avait été nommé en janvier rapporteur du volet organique de la réforme des retraites. Jusqu'à décrocher le maroquin abandonné ce dimanche par sa consœur Agnès Buzyn.
Olivier Véran incarne le renouveau de la classe politique à l'honneur dans l'équipe d'Édouard Philippe. Il a d'abord vécu une première vie de syndicaliste. Porte-parole de l'ISNIH, il était en première ligne lors de la grève nationale des internes de l'automne 2007 contre la remise en cause de la liberté d'installation par Nicolas Sarkozy. Il fut ensuite président de l'association des assistants des hôpitaux de Grenoble.
Après avoir décroché un diplôme de sciences Po Paris en gestion et politique de santé, il s'engage en politique en 2012.
Premières armes au PS
Sous les couleurs du Parti socialiste (PS), le suppléant de Geneviève Fioraso devient député de l'Isère à la faveur de l'entrée au gouvernement de la ministre de l'Enseignement supérieur. Pendant trois ans, il est particulièrement actif au palais Bourbon, où il siège à la commission des affaires sociales, et suit particulièrement les dossiers santé.
Ce novice en politique s'est très vite aguerri, a su et imposer ses idées.
Ces dernières années, il s'est impliqué sur plusieurs sujets médiatisés : le coût exorbitant de l’intérim à l’hôpital (médecins mercenaires) qui a entraîné la création d'un corps de PH remplaçants, l’autorisation du don du sang aux homosexuels ou encore l’ouverture de salles d’injection supervisée qui permettent selon lui « de sauver des vies ».
En 2015, en tant que rapporteur du volet prévention de la loi de santé, il avait combattu l’extrême maigreur des mannequins, qui devront désormais fournir un certificat médical attestant qu’elles ne sont pas excessivement maigres.
Il a proposé et obtenu que les bénéficiaires de l’aide à la complémentaire santé (ACS) soient exonérés des différentes participations et franchises médicales.
Acteur investi de la sphère hospitalière
Candidat malheureux à la présidence de la FHF en septembre 2016, le Dr Véran est un acteur investi de la politique hospitalière. Il est notamment l'auteur d'un rapport en deux volets sur l'évolution des modes de financement des établissements de santé dans lequel il invite à expérimenter des alternatives au tout T2A. À l'occasion du budget de la Sécu pour 2015 dont il fut le rapporteur sur le volet assurance-maladie, il a obtenu l’expérimentation d’« hôtels hospitaliers », à proximité des établissements, afin de réduire les durées de séjour (le prix d’une nuit étant de 60 euros dans ces structures alors qu’une journée d’hospitalisation coûte environ 1 500 euros).
« Olivier Véran est un député imaginatif, ses idées sont souvent originales et dans la ligne sociale du gouvernement », nous confiait il y a quelques années le Dr Claude Pigement, ancien responsable santé du PS.
Plusieurs dossiers à déminer
Très actif sur Twitter, Olivier Véran commente activement l'actualité politique. Le médecin avait tenu à conserver une activité de PH et à faire ses gardes au CHU pour garder un contact avec le terrain.
Olivier Véran aura la lourde tâche de reprendre en main un ministère sous pression, en pleine épidémie de coronavirus, alors que débute l'examen au Parlement de l'épineuse réforme des retraites et que l'exécutif doit faire face à une interminable fronde des personnels hospitaliers.
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