Au terme d’une journée rocambolesque, tant les rumeurs et tractations ont battu leur plein, Catherine Vautrin a été nommée ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités. Cette dernière a été membre des Républicains (LR) avant de rejoindre Horizons et Édouard Philippe. Députée de la Marne de 2002 à 2004 et de 2007 à 2017, elle a siégé à la commission des Affaires économiques.
À l’époque, elle a voté contre la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe et a participé à la « Manif pour tous », défendant une « alliance civile » avec « des droits patrimoniaux ». Elle a depuis regretté cette prise de position. Par ailleurs, lors de questions au gouvernement en 2010, elle a demandé un décret sur l'encadrement de la pratique de la médecine esthétique par les généralistes, alors en plein essor.
Une politique de droite
Durant le mandat de Jacques Chirac, elle a occupé diverses fonctions : secrétaire d’État à l’Intégration et à l’Égalité des Chances, puis aux Personnes âgées (2004) et ministre déléguée à la Cohésion sociale et à la Parité (2005).
Depuis 2014, elle est présidente du Grand Reims, tout en étant conseillère municipale depuis 2008, élue sur la liste de l’actuel patron de la Fédération hospitalière de France (FHF), Arnaud Robinet. Elle préside, depuis septembre 2022, l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru).
Elle aurait été sollicitée par Emmanuel Macron après sa réélection en avril 2022 pour occuper le poste de Premier ministre… avant qu’il nomme, au dernier moment, Élisabeth Borne. Selon Libération, on lui aurait proposé Ségur, après le remaniement lié aux élections législatives… ce qu’elle avait, à l’époque, également refusé.
Mauvais coup
Sortie au dernier moment du chapeau par le nouveau Premier ministre Gabriel Attal, la nouvelle locataire de Ségur est méconnue du monde de la Santé. Du côté de la médecine de ville, le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S, a ironisé sur une femme « inconnue au bataillon », s'attendant à la nomination (éventuelle) de Frédéric Valletoux, comme ministre délégué ou secrétaire d’Etat chargé de la Santé. « Nous avons besoin d’un capitaine ! Avons-nous les moyens d’avoir une personne qui intègre le ministère dans une phase d’expérimentation ? »
À la CSMF, on est prudent. « Il faudra voir à l’usage », résume en substance le Dr Luc Duquesnel. Mais à l’évidence, « le président de la République garde sans doute le cap d’une politique d’accès aux soins, mais pas d’un accès aux soins de qualité », estime à chaud le chef de file des généralistes de la centrale syndicale. Expérience à l’appui. « Nous savons tous qu’il faut au moins quatre mois à un nouveau ministre pour prendre ses marques. Pendant ce laps de temps, c’est l’administration qui gère les affaires »…
Pas de quoi impressionner le Dr Claude Pigement, ancien monsieur santé du Parti socialiste (PS). « Elle connaît bien les collectivités locales, les solidarités et les prestations sociales en tant qu’élue locale… Mais elle n’a absolument aucune compétence particulière sur la santé, qui est pourtant la deuxième préoccupation des Français », résume-t-il. « C’est un mauvais coup pour la Santé, noyée dans un ministère tentaculaire. Quelles seront ses priorités ? », interroge-t-il.
Le Dr Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), est bien plus sceptique. « C’est catastrophique. Les financements, c’est le nerf de la guerre. Ils nommeront sans doute un secrétaire d’État pour gérer les dossiers spécifiques des libéraux et des hospitaliers, mais qui n’aura aucun accès aux cordons de la bourse. La seule chose presque amusante, c’est qu’on a l’impression de revoir ici un gouvernement Sarkozy ». Pas sûr que les médecins en rient autant.
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