En évoquant dans un tweet une « attaque » de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) en marge du défilé du 1er mai, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner s'est retrouvé depuis deux jours au cœur d'une vive polémique, sur fond d'appel à la démission par l'opposition et une partie du Parlement.
Ici, à la Pitié-Salpêtrière, on a attaqué un hôpital.
— Christophe Castaner (@CCastaner) May 1, 2019
On a agressé son personnel soignant. Et on a blessé un policier mobilisé pour le protéger.
Indéfectible soutien à nos forces de l’ordre : elles sont la fierté de la République. pic.twitter.com/BjXYFw2XzR
Cette version d'une « attaque » délibérée a été battue en brèche par la diffusion de plusieurs vidéos et témoignages dans l'enceinte de l'établissement, appuyant plutôt la thèse d'un mouvement de panique ou d'un repli face à des gaz lacrymogènes.
Ayant fait preuve de prudence dans ses premiers commentaires, la ministre de la Santé Agnès Buzyn est de son côté épargnée par les critiques.
Appels à la démission
Le contexte électoral dans lequel s'inscrit cette affaire a contribué à exacerber les positions, le scrutin européen se profilant à l'horizon des 25 et 26 mai. Christophe Castaner a tenté ce vendredi 3 mai d'éteindre l'incendie en atténuant ses propos, et en expliquant que d'autres que lui avaient dramatisé cette intrusion.
« J'entends le reproche qui m'est fait d'avoir utilisé le mot "attaque", a-t-il déclaré. Je souhaite qu'aucune polémique n'existe sur ce sujet et le voyant l'être, je me dis que je n'aurais pas dû l'employer. » « La directrice générale de l'hôpital m'a raconté qu'elle avait elle-même tenté de dialoguer sans succès, évoquant, je cite, de l'"agressivité" et, je la cite encore, "de la violence verbale", a-t-il également justifié. "Sans l'intervention des forces de l'ordre, une catastrophe – je reprends les mots de Martin Hirsch, directeur de l'AP-HP – aurait pu se produire". »
Le ministre a récusé toute idée de démission : selon l'opposition, « il faudrait changer de ministre de l'Intérieur toutes les semaines », a-t-il ironisé. Christophe Castaner a par ailleurs reçu vendredi après-midi « toute [l]a confiance », du Premier ministre Édouard Philippe, estimant que le ministre de l'Intérieur avait « sans doute eu raison de corriger » ses propos.
« Polémique sur l'anecdote »
Le ministre de l'Intérieur fait face à un double front de critiques.
Plusieurs députés et sénateurs socialistes et communistes ont réclamé sa convocation devant le Parlement et la création d'une commission d'enquête parlementaire « pour que toute la lumière soit faite sur les événements du 1er mai ».
D'autres politiques et parlementaires de l'opposition sont allés plus loin, accusant le locataire de Beauvau de « mensonges » et d'« incompétence ». Les deux députés LFI Jean-Luc Mélenchon et Adrien Quatennens, mais aussi le chef de file des communistes aux européennes Ian Brossat, Nicolas Dupont-Aignant (Debout la France) ou Florian Philippot, candidat pro-« frexit » aux européennes, ont réclamé sa démission.
En revanche, la tête de liste UDI pour les européennes Jean-Christophe Lagarde a refusé de prendre part à ces critiques. « On est en campagne électorale, donc tout le monde raconte n'importe quoi, comme d'habitude. Moi, je préfère ne pas faire ça », a-t-il fait savoir. La secrétaire d'État à l'Économie Agnès Pannier-Runacher a épinglé une « polémique sur l'anecdote ».
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