Partage GHT 49

Comment réussir la conciliation médicamenteuse entre la ville et l’hôpital

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Publié le 25/05/2023
Initié en juin 2021, le dispositif Partage GHT 49 vise à assurer et sécuriser la continuité de la prise en charge médicamenteuse des patients grâce à une meilleure collaboration entre pharmaciens hospitaliers et d’officine.
Clément Triballeau / Dr Spiesser

Clément Triballeau / Dr Spiesser
Crédit photo : CHU Angers

Financé par l’agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire, le dispositif Partage GHT 49 a pour objectif de faciliter la conciliation médicamenteuse des patients et d’améliorer la communication entre les pharmaciens hospitaliers et de ville. « Suite à la création du groupement hospitalier de territoire du Maine-et-Loire en 2017, nous avons mis en place une politique commune pour développer la pharmacie clinique et harmoniser les pratiques entre établissements. Nous avions également la volonté de nouer davantage de liens avec nos collègues officinaux. La conciliation médicamenteuse s’est très vite imposée comme un axe majeur de travail pour réduire l’iatrogénie médicamenteuse, notamment chez les patients âgés polymédiqués », explique Laurence Spiesser-Robelet, docteur en pharmacie, maître de conférences universitaire, praticien hospitalier au CHU d’Angers et initiatrice du projet (1).

Grâce au financement du fonds d’intervention régional de l’ARS, une plateforme sécurisée de partage de données, baptisée Hospiville, a été créée par la start-up bretonne MaPUI LABS et un coordinateur, Jean-Louis Laffilhe, a été recruté afin d’organiser des rencontres locales dans le département avec le double objectif de promouvoir l’outil numérique et de renforcer les liens entre officines et hôpitaux.

Des partenaires engagés

Concrètement, en cas d’hospitalisation dans l’un des établissements du GHT, une fiche individuelle est adressée avec l’accord du patient à la pharmacie de ville qui peut ainsi communiquer toutes les informations demandées sur les traitements suivis et joindre les ordonnances correspondantes. Une transmission qui permet aux équipes hospitalières de réaliser la conciliation médicamenteuse et de procéder aux adaptations nécessaires. De la même manière, à la sortie du patient, le pharmacien de ville reçoit un document indiquant l’ensemble des modifications intervenues suite à l’hospitalisation et la justification de ces modifications.

Expérimenté en février 2021 auprès de trente-cinq officines, Partage GHT 49 s’adresse plus spécifiquement aux personnes âgées polymédiquées. « Le risque iatrogène est majeur pour ce public. Par ailleurs, le bilan partagé de médication réalisé en ville s’adresse aux patients de plus de 65 ans auxquels il a été prescrit plus de cinq molécules, ce qui facilite les échanges entre la ville et l’hôpital. Mais Partage GHT 49 pourrait être étendu à un nombre accru de patients. Cela nous est d’ailleurs souvent demandé », poursuit le Dr Laurence Spiesser-Robelet.

La contribution des étudiants en pharmacie de 5e année, présents dans les établissements de santé, et des étudiants de 6année qui réalisent leur stage en officine, a également contribué à la réussite du dispositif. « Je suis enseignante à la faculté de santé d’Angers en pharmacie clinique et éducation thérapeutique et responsable des stages hospitaliers pour les 5es années. Les étudiants ont été très moteurs pour faciliter l’adhésion des pharmaciens titulaires et de leurs adjoints à ce projet, témoigne Laurence Spiesser-Robelet. Un autre élément du succès est le partenariat avec la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) dans le cadre du programme Prado personnes âgées. Auparavant, les pharmaciens ne faisaient pas partie des professionnels inclus dans Prado. Nous avons pu l’intégrer grâce à Partage GHT 49. Les médecins de nos services de gériatrie invitent également leurs patients à se rapprocher de leur pharmacien pour la réalisation d’un bilan partagé de médication, ce qui a aussi permis de développer l’activité ».

Des résultats très positifs

Le dernier bilan, établi en mai 2023, fait état de 6 700 patients suivis, dans le cadre d’un parcours sécurisé par 216 officines (soit 94 % d’entre elles) et la quasi-intégralité des hôpitaux du GHT (7 sur 9). « C’est l’expérience la plus importante de conciliation médicamenteuse ville-hôpital menée en France. Le décloisonnement du parcours des patients avec un suivi et une adaptation automatiques des traitements est un véritable succès », explique Clément Triballeau, directeur adjoint chargé du GHT de Maine-et-Loire, des coopérations et des parcours au CHU d’Angers.

L’objectif qui est désormais poursuivi par le directeur adjoint dans le cadre de ses discussions avec l’ARS est de corréler Partage GHT 49 avec l’expérimentation Octave qui vise également à sécuriser l’accompagnement médicamenteux des patients de 65 ans et plus, dans un parcours chirurgical cette fois. Octave, piloté par des pharmaciens d’officine, s’inscrit dans le cadre de l’article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 qui prévoit des financements spécifiques nationaux pour expérimenter de nouvelles organisations en santé. « Nous avons rencontré l’Union régionale des professionnels de santé pour faire converger les deux projets. Nous apportons des résultats solides en termes de volume de personnes suivies et de professionnels impliqués. Compte tenu des gains pour le patient et pour l’assurance maladie - qui n’a plus à financer de médicaments inutiles -, notre initiative mériterait d’être déployée au niveau national. Nous allons travailler avec l’ARS mais également avec la Direction générale de l’offre de soins sur la base de notre retour d’expériences », conclut-il.

1- Le Dr Laurence Spiesser-Robelet a reçu en novembre 2022 le Prix de l’ordre des pharmaciens pour cette action.

GHT

Source : lequotidiendumedecin.fr