Après le départ fracassant de Thomas Dietrich du secrétariat de la Conférence nationale de santé (CNS), ni l'entourage de la ministre de la Santé, ni celui du Directeur général de la santé, ni la présidente de cette instance, Bernadette Devictor n'ont réagit. Ancien président de la CNS, Christian Saout a en revanche accepté de revenir sur cette affaire. S'il trouve excessives les accusations du jeune homme de 25 ans, l'actuel Secrétaire général délégué du Collectif de patients Ciss, estime néanmoins que la CNS doit se réformer pour pouvoir mieux fonctionner.
Le Généraliste En rendant publique sa démission, Thomas Dietrich a-t-il révélé des dysfonctionnements au sein de la CNS que vous aviez pu constater ?
Christian Saout Tout ce que Monsieur Dietrich raconte dans sa lettre, je ne l’ai pas vécu quand j’ai présidé l’instance entre 2006 et 2010. C’est à ceux qui sont en responsabilité à la CNS aujourd’hui de s’exprimer plutôt que de se taire. Par ailleurs, il n’a pas démissionné, c’était la fin de son contrat : moins héroïque, tout de même.
Que pensez-vous des points soulevés dans ce document ?
C.S. Dans ce que dit Monsieur Dietrich, il y a surtout des allégations sans preuves. Pour ma part, je n’ai jamais vécu cela quand j’étais président. Au contraire, quand les ministres ont eu pour projet de saisir la CNS, ils m’en ont informé et j’en ai rendu compte devant mes pairs. Au-delà du pamphlet, il reste les légitimes interrogations sur les missions, la composition et les moyens de l’instance.
Les missions. Alors qu’elle ne rendait qu’un rapport de mandature, il y a une quinzaine d’années, la CNS est désormais saisie à tout bout de champ, à sa demande d’ailleurs, sur de trop nombreux textes. Elle répond plus à des saisines itératives qu’elle ne s’investit dans ses auto-saisines pour dire sa façon de voir la politique publique de santé. Quant au débat public, la loi dit que la CNS doit « contribuer » à ce débat public, nullement qu’elle peut en être le commanditaire ou l’opérateur. Mener seule le débat public sur la vaccination n’était donc nullement dans les missions de la CNS.
Les moyens. Je ne suis pas en mesure de dire s’ils diminuent. Mais j’en ai payé moi-même l’insuffisance : le président était aussi le rapporteur. Je vois bien que le HCAAM, une autre instance de démocratie sanitaire, est mieux soutenu.
La composition. Ce n’est pas à 120 membres, augmentés de 22 représentants des directions et des agences, que l’on peut faire un bon travail pour éclairer la décision publique. Ceux qui ont réclamé une telle composition et ceux qui ont cédé à cette demande ne peuvent pas s’étonner du résultat.
Quelles seraient vos suggestions pour rendre la CNS plus productive ?
C.S. Il faut mettre la CNS à 50 membres. On ferait mieux de se voir à 50 tous les mois plutôt qu’à 140, quatre fois par an.
S’agissant des missions, il faut les clarifier. L’objectif n’est pas que la CNS soit saisie de tous les arrêtés ou décrets, mais qu’elle exprime la vision commune de l’ensemble des parties prenantes du système de santé.
Il faut rééquilibrer saisines et auto-saisines : qu’est ce qu'une instance de démocratie sanitaire qui n’utilise pas son pouvoir d’auto-saisine parce qu’elle est tellement sollicitée sur saisine ? Ça ne va pas. Tout le monde est responsable : la CNS de revendiquer ce rôle et le ministère d’y satisfaire en envoyant tous les décrets d’application devant la CNS.
Quant aux moyens, ils doivent forcément être en regard des missions. Il faut d’abord résoudre, et dans l’ordre, les missions, la composition et voir, ensuite, les moyens nécessaires.
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