Rififi dans les négos à trois jours du dernier round. Le cabinet de conseil privé Capgemini a-t-il participé à la rédaction du projet de texte conventionnel proposé par la Cnam aux syndicats au point que cette intervention dénature le travail de ces derniers ? C’est ce que dénonce l’UFML-S dans un communiqué publié le 10 mai. Le syndicat, présidé par le Dr Jérôme Marty, a trouvé « par hasard » dans les propriétés du texte du document, mis en ligne sur le site de l’Assurance-maladie avant la séance crucial du 16 mai, un dénommé Maxime Beaucor crédité comme auteur. Son profil Linkedin indique qu’il est « consultant senior chez Capgemini Invent ».
Pour l’UFML-S, c’est incompréhensible, d’autant plus que la Cnam dispose de 80 000 salariés et équipes rodées à ce genre d’exercice. Le syndicat, qui s’inquiète d’un mélange des genres, rappelle que Capgemini est déjà implanté dans la santé via l’incubateur européen de e-santé Future4Care, lancé en 2021 en partenariat avec Sanofi, Generali et Orange.
Le Dr Marty demande donc des explications au ministère de la Santé. Et si le consultant de Capgemini était bien l’auteur du texte, « cela constituerait un conflit d’intérêts majeur à la limite du délit d’initié », pointe le généraliste. Lequel exigerait, le cas échéant, « l’annulation pure et simple de ce texte et l’assurance de sa réécriture par les équipes de l’Assurance-maladie ».
Un seul consultant missionné
À trois jours d’un dernier round de négociations conventionnellles et pour éviter que la polémique n’enfle sur les réseaux sociaux, la Cnam n’a pas tardé à réagir. Sur son compte X (ex-Twitter), la caisse a précisé que le texte « est le fruit du travail de ses équipes », lesquelles sont « composées à la fois de médecins, de juristes, de statisticiens, de financiers et de spécialistes des négociations conventionnelles », qui « ont toutes produit les notes et les éléments constitutifs du projet de convention ».
Mais, concède-t-elle dans un second temps, « un seul consultant du cabinet Capgemini a été chargé d’intervenir en appui et de façon limitée, afin de rassembler et consolider les différentes parties rédigées par les nombreux contributeurs de la Cnam, avant relecture, validation et diffusion du document par la Cnam ».
Selon nos informations, la multiplication des négociations de la Caisse avec les différentes professions de la santé l’a surchargée par rapport à ses effectifs. L’apport de ce consultant serait ainsi limité au travail relatif à la négociation avec les syndicats de médecins libéraux et concentré sur la consolidation des documents, ce qui n’est pas inhabituel dans son fonctionnement.
Jeudi, à la reprise des discussions, la Cnam risque de devoir aller plus loin dans sa justification. « Tout cela manque de professionnalisme et de transparence », peste le Dr Franck Devulder, patron de la CSMF. La Dr Sophie Bauer, présidente du SML, a déjà prévu de consacrer sa première question à Thomas Fatôme sur le sujet.
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