Le phénomène n’est pas nouveau mais il s’est accentué ces dernières semaines. Les pénuries de médicaments se multiplient comme en témoignent les tensions sur le paracétamol et l’amoxicilline. À l’occasion d’un comité de pilotage sur le sujet, François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, ont partagé les premières pistes d’une « stratégie en matière de prévention et de gestion des pénuries » qui doit voir le jour.
Ce comité qui réunissait représentants des patients, des professionnels de santé et des industriels autour des deux ministres a été chargé de travailler sur « des solutions concrètes pour garantir la disponibilité continue des médicaments nécessaires à la population ». Une phase de « co-construction » a donc été actée pour une durée de deux mois afin de construire « une feuille de route pluriannuelle » qui sera « présentée au plus tard en juin ».
Trois chantiers identifiés
Ces travaux vont s’articuler autour de trois premiers chantiers, a détaillé le ministère de la Santé. Il annonce ainsi la mise en place « sous trois mois » d’un « Plan blanc Médicaments » qui sera « activable en cas de situation exceptionnelle », à l’image des plans blancs dans les hôpitaux.
Toujours « sous trois mois », l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) travaillera avec la direction générale de la santé pour « établir un plan de préparation des épidémies hivernales » afin d’anticiper les tensions éventuelles et « renforcer notre capacité à faire face à des pics saisonniers de consommation de médicaments ». Cela passera par la « sécurisation des stocks, l'amélioration de la mise à disposition des données, la responsabilisation de l’ensemble des acteurs du soin et des patients, etc. », indique le ministère.
Enfin, un chantier portera sur la mise en place d’ « ici la fin du mois de mai », d’une liste des médicaments « critiques ». Elle comportera notamment « une analyse de risques en matière d’approvisionnement et des solutions correctrices nécessaires ».
Cette liste devrait concerner les médicaments « stratégiques pour la santé » des Français. Rappelons que depuis le 1er septembre 2021, les laboratoires pharmaceutiques ont une obligation de constituer un stock de sécurité minimal de deux mois pour les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM), « pour lesquels une interruption de traitement est susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients à court ou moyen terme, ou représente une perte de chance importante pour les patients au regard de la gravité ou du potentiel évolutif de la maladie », définit l’ANSM.
Le prix des génériques en question
En parallèle de ces trois chantiers, le gouvernement a annoncé « un moratoire sur les baisses de prix des génériques stratégiques ». Il entend notamment « opérer des hausses de prix ciblées sur certains génériques stratégiques produits en Europe ». Une réponse à la demande des industriels du secteur qui devrait s’accompagner de « contreparties » en termes d’engagement « sur une sécurisation de l’approvisionnement du marché français ».
En attendant que ces mesures voient le jour, il a été annoncé « la mise à disposition sous deux semaines d’un million de flacons d’amoxicilline », soit un mois de consommation nationale, selon le ministère.
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