La vaccination antigrippale en officine ne passe décidément pas auprès d’une partie de la profession. Une pétition, initiée par des « médecins en colère », a vu le jour à la fin du mois d’avril pour protester contre cette disposition qui a été étendue à tout le territoire dans un texte paru au « J. O. » le 25 avril dernier. Jusqu’à présent, la vaccination par les pharmaciens était expérimentée dans quelques régions de France. Jeudi 16 mai, ce texte publié sur mes opinions.com et repéré par « Le Moniteur des pharmacies », avait réuni près de 6 300 signatures. « À 10 000, la pétition est sur le bureau de notre singulière ministre… », écrivent ses auteurs, qui ne révèlent pas leur identité.
Les médecins à l’origine de cette initiative dénoncent « une concurrence vénale déloyale à l’encontre des infirmiers et infirmières libéraux ainsi que des médecins généralistes ». S’ils ne sont pas opposés à une vaccination antigrippale par les pharmaciens dans les zones déficitaires en offres de soins, ils rejettent toute généralisation en avançant plusieurs arguments.
Selon eux, cette mesure serait coûteuse : alors « que les médecins intègrent bien souvent cette vaccination dans une consultation globale de suivi sans aucune tarification supplémentaire », le pharmacien, lui, serait systématiquement payé. Elle serait également déloyale pour les IDE dont l’activité de vaccination antigrippale « vient un peu compenser les actes de soins longs, difficiles, parfois sales et mal rémunérés ».
Des risques pour les patients
Les médecins s’inquiètent également du risque encouru par les patients vaccinés par des pharmaciens qui « n’ont aucune vocation à pratiquer des gestes techniques sur l’humain ». « Qui assurera le SAV de la vaccination : malaise vagal lors de l'injection, effets indésirables multiples à court terme ou moyen terme du pic fébrile simple au Guillain barré… ? », interrogent-ils.
Ils y voient une forme d’ubérisation du système de santé. « Si un simple conducteur de véhicule peut aujourd'hui se reconvertir en taxi, un propriétaire de studios bien situés dans la capitale en quasi hôtelier professionnel, effectivement on comprend l'appétence commerciale du pharmacien pour accroître ses sources de revenus […]. »
Les syndicats médicaux se sont longtemps opposés à cette disposition sans parvenir à infléchir la volonté du ministère de la Santé. Et ce n’est peut-être pas fini. Dans un rapport publié au mois de novembre 2018, l’Ordre des pharmaciens suggérait d’élargir l’autorisation de vaccination antigrippale dans les officines à toute personne adulte qui en fait la demande et de l’étendre aux rappels d’autres vaccinations chez l’adulte notamment en cas d’épidémies. Les médecins n’ont peut-être pas fini de pétitionner.
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