Pourra-t-on bientôt ajouter une boîte de Doliprane à son panier d'achat sur Amazon ? C'est ce que craignent les représentants des officines, qui alertent sur un projet de loi présenté ce mercredi en Conseil des ministres et dont l'une des mesures (Article 34) vise à assouplir les conditions de vente des médicaments en ligne. Porté par le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Action et des comptes publics Olivier Dussopt, ce texte prévoit notamment d'assouplir l'obligation de stocker les médicaments vendus en ligne dans une pharmacie physique, en vigueur depuis 2012. « Le gouvernement propose de mutualiser entre plusieurs pharmacies cette vente en ligne et que le stock ne soit pas forcément dans le local de la pharmacie », a précisé la ministre de la Santé Agnès Buzyn ce mercredi matin, au micro de RMC.
"Ubérisation" des pharmacies ?
Pour les représentants des pharmaciens, cette évolution représente une réelle menace pour les officines de proximité, qui s'en trouveraient fragilisées. Le président de la de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) Philippe Besset, invité de RTL midi ce mercredi, explique qu'il n'est certes pas encore question de faire sauter le monopole des officines au profit des géants du commerce en ligne comme Amazon. Pour autant, « autoriser une ou deux pharmacies en France à avoir un entrepôt de 10 000 m2 en zone industrielle et à faire de la vente en ligne » finira selon lui par ouvrir la porte à ces plateformes commerciales et à terme à « déstructurer l'organisation des pharmacies ».
A l'unisson, les syndicats de pharmaciens dénoncent ce qu'ils considèrent comme une tentative d' "ubérisation" des officines. « Ce projet banalise les médicaments, menace les petites pharmacies et leur présence sur l'ensemble du territoire, à proximité des patients », fait également remarquer le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) Gilles Bonnefond. Le projet de loi va également selon l'organisation à l'encontre des politiques menées depuis plus de deux ans avec le ministère de la Santé et l'Assurance maladie. « On nous demande de renforcer le rôle du pharmacien vers l'accompagnement du patient au sein des parcours de soins, en particulier dans les CPTS. Ce texte prend le contre-pied de tout ce que nous organisons », ajoute l'USPO.
« On ne vendra pas des médicaments comme des livres » assure Buzyn
La mainmise du ministère de l'Économie sur ce projet de loi interroge aussi chez les pharmaciens. « Nous avons travaillé depuis de nombreux mois avec le ministère pour que l'ensemble des officines puissent avoir un prolongement numérique. Nous avions un texte à peu près conforme et je ne comprends pas comment Agnès Buzyn s'est fait complètement déposséder de ce projet de loi par Bercy », déplore Philippe Besset de la FSPF. La ministre de la Santé se veut cependant rassurante. « La vente sur Amazon n'est pas la vision du gouvernement. Nous ne souhaitons pas que des plateformes vendent des médicaments comme on vend des livres, a-t-elle assuré ce matin. Le gouvernement prendra les engagements nécessaires pour que la vente reste à la main des pharmaciens. »
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