Crise des urgences

Devant des sénateurs dubitatifs, le Dr Braun défend la mission flash

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Publié le 08/06/2022
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La commission des affaires sociales du Sénat a auditionné mardi 7 juin le Dr François Braun, choisi par Emmanuel Macron pour mener une mission flash pour répondre à la crise des urgences. Dubitatifs, les sénateurs ont cherché à avoir des précisions… en attendant le 28 juin.

Crédit photo : Capture d'écran YouTube

De l’aveu de la présidente de la commission des affaires sociales du Sénat, Catherine Deroche, l’annonce de la mission flash a « surpris ». Alors, les sénateurs avaient à cœur d’interroger le Dr François Braun, président de Samu-Urgences de France, à qui elle a été confiée. Et ils n’ont pas été tendres.

Lors de l'audition de ce dernier le 7 juin, Laurence Cohen (Parti communiste français) a jugé cette mission flash « inutile » ; Philippe Mouiller (Les Républicains) a pointé un accueil sur le terrain « catastrophique » ; Bernard Jomier (Parti socialiste) s’est dit « dubitatif » face à cet « un énième inventaire » ; Alain Milon (LR) a lui souligné qu’il sera « trop tard le 28 juin » ; Raymonde Poncet (Europe Écologie Les Verts) y voit une « provocation » pour les soignants… Le Dr François Braun ne s’est toutefois pas laissé abattre.

Rédiger l’ordonnance

Manque de personnel, de lits, de sens… Le médecin urgentiste a soutenu dans son exposé que « la crise des urgences est la partie émergée de l’iceberg ». Le diagnostic est clair. Maintenant, « il faut rédiger l’ordonnance », a-t-il déclaré, expliquant que « toutes les solutions ont été mises sur la table », soit « une liste de 150 possibilités et pistes ». Reste à sélectionner « celles qui sont demandées par les professionnels de santé » et les adapter aux territoires. « Nous sommes dans une situation de "damage control" : pour passer l’été sans que la prise en charge ne soit mise en danger », a-t-il ajouté. Puisque « les problématiques ne sont pas pareilles en fonction des territoires », le praticien hospitalier appelle à mettre à leur disposition une « boîte à outils ».

Le Dr Braun a rappelé qu’il alerte, avec Samu-Urgences de France, « depuis 2013 ». Le problème étant que « notre système de santé est construit sur l’offre de soins » concurrentielle et il faudrait « réussir la bascule vers un système qui répond aux besoins de santé ». Pour le praticien, « les urgences ne peuvent plus être le couteau suisse du système ».

Rendre possible les idées qui font consensus

« Si vous attendez un rapport, vous allez être déçus ! », a ironisé le Dr Braun devant la commission des affaires sociales du Sénat. Sur la forme, le rendu de la mission flash sera un « traitement, avec une notice explicative », détaillant le pourquoi, et les effets attendus ; ainsi qu’un indicateur pour évaluer l’action dans les deux mois qui suivent. Sur la méthode, le Dr Braun a expliqué que son groupe de professionnels « travaille en parallèle avec le ministère de la Santé : dès qu’une idée fait consensus, nous regardons si elle est possible dans la réglementation ou comment la rendre possible au 1er juillet ».

Moins d’administratif

Le Dr Braun a rappelé que 50 % du temps des soignants est consacré à de l’administratif (25 % pour les médecins généralistes). Dans l’objectif de redonner du sens aux métiers des professionnels de santé, il pose la question : faut-il arrêter ces tâches administratives cet été pour recentrer ces métiers sur le soin ?

Interrogé sur le budget, le conseiller santé d’Emmanuel Macron pendant la présidentielle a précisé qu’il ne gère pas l’aspect financier des possibles réformes. En revanche, il a soutenu que « la reconnaissance de la pénibilité est insuffisante dans notre pays ».

Il faudrait également, selon lui, recruter plus de praticiens à diplôme hors Union européenne (PADHUE)

Enfin, le praticien s’est dit, à titre personnel, favorable à des revalorisations des actes chez les médecins généralistes, notamment la régulation dans le cadre du Service d’accès aux soins (SAS).


Source : lequotidiendumedecin.fr