Décision Santé. : Quel rôle vos établissements jouent-ils dans le champ de la dialyse ?
Pr Thierry Hannedouche : Nos associations privées à but non lucratif, regroupées dans la Conférence des présidents et directeurs d’associations de dialyse (CPDAD), partagent des principes et des buts communs. Même si nos établissements peuvent avoir des modèles économiques différents, et ce pour des raisons historiques, ils interviennent depuis cinquante ans dans la proximité des malades en unités comme à domicile. Nous prenons en charge 40 % des malades, 84 % de l’hémodialyse à domicile, 75 % de la dialyse péritonéale à domicile et 64 % de la dialyse autonome en unités. Les deux autres secteurs intervenant dans la dialyse sont publics ou privés lucratifs.
La CPDAD s’inquiète de la méconnaissance de cette réalité par les pouvoirs publics. Dans le récent rapport de la Cour des comptes, nos associations n’ont pas été entendues. Nous dénonçons une vue partielle et partiale qui est donnée de la prise en charge de la dialyse par nos associations et leurs établissements.
D.S. : Avant d’en venir à vos revendications, quelle est la position de votre association sur la question de la greffe versus dialyse ?
Pr T.H. On confond les nécessités et les moyens. Le problème du développement de la greffe n’est pas principalement un défaut d’inscriptions de patients mais bien une insuffisance de greffons disponibles. L’agence de la biomédecine et le législateur doivent prendre cette question à bras le corps. Les malades en attente de transplantation ont besoin de la dialyse. Environ 80 % des patients en insuffisance rénale terminale n’ont pas accès à la greffe pour des raisons decomorbidités ou parce qu’ils sont trop âgés. Il ne faut pas opposer greffe et dialyse, créer de faux débats et stigmatiser les acteurs de la prise en charge en dialyse. Bien sûr, la greffe est la meilleure solution pour ceux qui y sont éligibles. Mais elle ne règle pas tout. La confusion est savamment entretenue.
D.S. : La cour des comptes évoque des tarifs parfois trop élevés. Que répondez-vous maintenant ?
Anne-Valérie Boulet : Nos établissements sont des établissements fragiles de proximité avec des taux d’occupation très variables et donc des charges de structures parfois élevées. 25 % des structures ont un chiffre d’affaires inférieur à 7,5M€, 50 % entre 7,5 et 20M€, 25 % au-delà de 20M€. Si la baisse tarifaire en 2016 se poursuivait au même rythme que celle effectuée au 1er mars 2015 (-4,44 % en centre et -3,98 % hors centre), 42 % des établissements seraient en déficit en 2016, 71 % en 2017. Telle est la vérité. Par la proximité, nous évitons aux patients et à l’assurance maladie des transports souvent très coûteux, transports qui pèsent à 17 % dans le coût de la prise en charge du dialysé. Nos structures sont ainsi parfaitement intégrées aux parcours de soins des patients. Nous contribuons au maillage de proximité. Nos arguments doivent être reconnus sur ce point. Surtout, nous faisons, à la fois, de la prévention et des traitements médicaux. Nos unités veillent à la qualité des soins et de la prise en charge de malades. Une dizaine de nos associations intègrent des centres de santé. Nous sommes en mesure de faire de l’éducation thérapeutique, des consultations de nutrition, un suivi social … Nos structures deviennent des plateformes spécialisées et très efficaces. Notre vision est globale. Nous prenons en charge la maladie rénale chronique de manière globale. Quand un de nos patients est en dialyse, nous pouvons faire des soins complets. C’est un avantage considérable qu’il faut prendre en compte.
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