Depuis la présentation de la feuille de route du numérique en santé en avril 2019, vous avez mis en place le conseil du numérique en santé. Quelles étaient les orientations de cette 5e édition ?
Dominique Pon : Il y a deux ans, nous avons commencé par poser une vision : l’État reprenait la main pour écrire les règles et qu’elles soient opposables, pour construire les fondations. Le message de ce cinquième conseil : les fondations sont prêtes et nous allons démarrer le déploiement sur le terrain, avec cette échéance d’avril 2022. Nous avons 2 milliards d’euros dédiés au numérique dans le Ségur. Et nous montrons la dynamique collective. Il y avait environ 200 participants à ce rendez-vous, ce sont des centaines de gens qui s’investissent, pouvoirs publics, industriels, professionnels de santé, associations de patients…
Au cours de ce CNS, vous avez présenté les prochaines échéances pour la labellisation des logiciels métiers. En quoi consiste-t-elle ?
D. P. : Dans le Ségur numérique, une enveloppe est dédiée à la labellisation de tous les logiciels de santé en France, que ce soit pour la ville, l’hôpital, les médecins, pharmaciens, radiologues… Cet été vont sortir des dossiers de spécifications de référencement (DSR) (pour chaque type de logiciel, ils recensent les exigences techniques attendues, ndlr). Tous les éditeurs pourront candidater à cette labellisation et l’État pourra les financer. D’ici à la fin de l’année, il y aura les premiers logiciels labellisés. Et quand un professionnel de santé mettra à jour son logiciel avec un logiciel labellisé, l’État payera l’éditeur.
Pour les médecins libéraux, ces DSR vont concerner les logiciels de gestion de cabinet. De quel ordre sont ces spécifications techniques ?
D. P. : Pour le Ségur, il s’agit d’un plan sur trois ans, qui va être déployé par vagues d’un an. Pour la première, les exigences portent sur la e-CPS, l’INS (identifiant national de santé, devenu obligatoire au 1er janvier dernier, ndlr), la messagerie sécurisée de santé, le DMP notamment. La 2e vague permettra d’aller plus loin. Par exemple, pour la e-CPS. L’intégrer pour la ville et l’hôpital fera partie des premières exigences. Mais il faudra qu’il y ait de plus en plus de services. Notamment un accès au DMP automatiquement et à AmeliPro. Et, petit à petit, on pourra imaginer les flux de facturation d’ici à un an. Il faut que l’on déploie la e-CPS partout et que tous les services nationaux soient rendus compatibles dans les logiciels. La e-prescription sera aussi intégrée dans les logiciels de médecine de ville. Et, cet été, nous allons démarrer un groupe de travail avec les pharmaciens et leurs éditeurs, pour avoir un DSR pharmacie de ville d’ici à la fin de l’année. Les choses sont prêtes, elles sont testées depuis deux ans. Il faut maintenant un déploiement dans tous les logiciels. C’est titanesque. Si l’État avait imposé des règles à la base, nous n’en serions pas là.
Y a-t-il d’autres financements du Ségur qui concerneront les médecins ?
D. P. : Dans le Ségur, 1,4 milliard d’euros concerne le sanitaire. Une enveloppe vise à financer l’équipement. Une autre permet l’accompagnement à l’usage : une partie est dédiée à l’hôpital et l’autre aux professionnels de santé, pour qu’ils jouent le jeu du partage des données. Une fois que le logiciel est bien connecté au DMP, à la messagerie sécurisée, nous financerons les professionnels de santé pour qu’ils partagent via ces canaux sécurisés. Tout le monde doit jouer le jeu du partage des données de santé (le CNS vise un passage de 10 à 500 millions de documents échangés par an via le DMP et la messagerie sécurisée de santé d’ici à 2 ans, ndlr). Si on ne veut pas finir chez les Gafam, il faut se mobiliser collectivement. Bien sûr qu’il y aura des difficultés mais, si on est solidaires, État, professionnels de santé, industriels, citoyens, on aura notre indépendance numérique.
Vous citez aussi les avancées sur l’espace numérique de santé « Mon espace santé ». En quoi les médecins sont-ils concernés ?
D. P. : Au 1er janvier 2022, nous allons ouvrir « Mon espace santé » par défaut à tous les citoyens. Le professionnel de santé n’aura plus à se poser la question de savoir si son patient a un DMP ou pas, etc. Et cet été, dans les premiers départements pilotes (Haute-Garonne, Loire-Atlantique et Somme, ndlr), les professionnels de santé vont voir arriver des patients avec leur espace numérique.Un médecin, au lieu d’utiliser Gmail ou WhatsApp, pourra directement envoyer à son patient des documents via un canal sécurisé à partir du moment où son logiciel le permet. Il pourra envoyer des données dans le DMP, le lire…
Comment travaillez-vous avec les médecins ?
D. P. : Au tout début de la feuille de route, nous avons mené le tour de France pour aller directement sur le terrain. Ensuite, nous avons créé des instances de gouvernance, des comités… Un comité est dédié aux professionnels de santé. Il inclut des syndicats, des Ordres… et se réunit tous les trois mois. Dans le cadre des DSR, pour la médecine générale, cela fait huit mois que nous travaillons avec des professionnels de santé pour les écrire, avec deux à trois réunions par semaine. Dernièrement, avec Jacques Lucas (président de l’Agence du numérique en santé, ndlr), nous avons revu l’ensemble des Ordres, des URPS, des syndicats professionnels, pour les tenir au courant. Et, à la rentrée, nous allons probablement organiser avec l’ANS des webinaires dédiés aux médecins.
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