Éditorial

En Marche ?

Publié le 26/05/2017
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Qui ne s’est pas mis En Marche en ce printemps 2017 ? Même l’ex-ministre de la Santé, qui s’était pourtant lancée sous la bannière PS aux législatives, s’est convertie vite fait au macronisme, au point d’effacer de ses affiches le logo du parti à la rose, au grand dam de ses anciens amis en Indre-et-Loire ! Le cas Touraine étonne, agace voire scandalise. Les plus méchants diront qu’elle a tout bonnement retourné sa veste… pour éviter de s’en prendre une le 17 juin. Les indulgents observeront qu’elle est - comme tant d’autres - prise au piège d’une recomposition politique qui avance à la vitesse d’un cheval au galop et noie tout sur son passage.

Renversement des polarités qui ravit les uns, désole les autres, mais interroge en fait tout le monde sur la suite des événements : à supposer - comme c’est probable - que la République En Marche obtienne une majorité au Parlement. Et l’incertitude est maximale concernant la politique de santé. En effet, alors que la ligne de fracture n’y a jamais été évidente entre la droite et la gauche, le renouvellement en cours complique encore la donne. Hormis quelques lignes forces plutôt consensuelles (prévention, MSP, restes à charge…), Emmanuel Macron était déjà resté général durant sa campagne. Depuis son élection, tout se passe comme s’il s’ingéniait à brouiller les pistes. On attendait un ministre socialiste… On a failli avoir un ministre de droite… Et les médecins héritent finalement d’une personnalité au profil plus technique et scientifique.

Des ministres de la société civile, la santé en a souvent connu. Comme si, décidément, le secteur échappait par nature à la logique bipolaire. Souvent, ça fonctionne : Simone Veil ou Bernard Kouchner ont joué plusieurs fois ce rôle. Parfois, ça détonne : ni Léon Schwartzenberg, ni Nora Berra ne sont parvenus à imprimer leur marque. Quelle ministre sera donc Agnès Buzyn ? On connaît son profil, plus haut fonctionnaire que politique. On la dit de gauche modérée. On la sait attachée à la défense du service public. Et, pour le reste, elle n’a laissé jusque-là que quelques indices : un dir’ cab issu du monde de l’assurance santé et quelques convergences polies relevées avec son prédécesseur lors de la passation de pouvoirs. Pour en savoir davantage, il faudra attendre la feuille de route dont tout ministre devrait disposer sous peu et les premiers contacts qu’elle aura bientôt avec vos représentants.

Jean Paillard, directeur de la rédaction

Source : Le Généraliste: 2798