À l’instar du Dr Renaud Miller, médecin généraliste près de Reims, ils étaient plusieurs centaines (entre 200 à 300, selon notre comptage) à braver le froid pour faire part, ce jeudi 1er décembre, de leur mécontentement devant le ministère de la Santé.
« Si nous sommes là, c'est pour défendre la médecine libérale et le système de soins dans son ensemble. Aujourd'hui, nous n'arrivons plus à travailler correctement, tous les médecins sont en difficulté moralement et matériellement », déplore ce généraliste venu spécialement à Paris pour l'occasion.
Le Dr Julie Happillon Noizet, médecin généraliste à Grandpré dans les Ardennes, vient elle aussi de loin. Si elle a fait le déplacement aujourd'hui c'est pour exprimer son ras-le-bol général. « La charge de travail est de plus en plus lourde en campagne, surtout avec des patients âgés. Nous avons également de plus en plus d'administratif à gérer », regrette la généraliste, à bout.
Pour un C à 50 euros mais pas que !
Si la mobilisation avait initialement comme revendication principale la revalorisation de la consultation à 50 euros, tous les syndicats n'étaient pas sur la même ligne. La CSMF défendant par exemple le prix de la consultation à 30 euros.
Ainsi, le mot d'ordre est plus large, comme en témoignent le Dr Sophie Gaïda et le Dr Carole Depelsenaire, toutes deux généralistes installées dans un cabinet collectif à Englefontaine près de Valenciennes.
« Nous ne sommes évidemment pas à plaindre mais si l'on rapporte nos heures travaillées à notre salaire, nous sommes en fait sous payées. Il ne faut pas oublier que nous sommes libéraux, qu'il y a tout un tas de frais à prévoir à côté et qu'un médecin ne perçoit pas 25 euros à chaque consultation », rappellent les deux praticiennes, qui réclament la suppression des forfaits comme la Rosp pour mieux revaloriser l'acte.
Dans un communiqué, l'Assurance maladie s'est défendue rappelant que le « vrai prix de la consultation, ce n’est pas 25 euros mais un peu plus de 35 euros une fois intégrés tous les éléments de la rémunération des médecins libéraux, comme les différents forfaits que verse l’Assurance Maladie, et la prise en charge d’une part importante de leurs cotisations sociales ». Au global, « les montants forfaitaires représentent 15 % de la rémunération des médecins », a-t-elle ajouté.
Mais peu importe, pour les deux généralistes du Nord, l'argent n'est pas le fond du problème. « Globalement, nous ressentons un manque de considération de la part des pouvoirs publics. En fait, ce que nous voulons, c'est pouvoir exercer notre travail dans de bonnes conditions et arrêter de remplir de la paperasse pour pouvoir nous consacrer à nos patients », insistent-elles. D'ailleurs ce qui a « vraiment fait déborder le vase, selon elles, ce sont les délégations de tâches en faveur des infirmiers de pratiques avancées (IPA) actées dans le PLFSS ».
Les syndicats en ordre de marche
Si cette mobilisation se veut apolitique, plusieurs représentants de syndicats, à l'instar du Dr Jérome Marty, étaient présents et ont pris la parole lors de la mobilisation.
Le généraliste de Ponton a ainsi rappelé sa volonté de voir le prix de la consultation être porté à 50 euros. Cette « juste rémunération » permettrait, selon lui, de « faire de la médecine de qualité et de développer nos cabinets », alors que le tarif moyen de la consultation au niveau européen se situe autour de 45 euros.
Le président de l'UFML-S a par ailleurs avancé le chiffre de « 80 % de cabinets fermés sur l'ensemble du territoire et davantage dans certains départements ». Le collectif Médecins pour demain estime, quant à lui, le nombre de grévistes à « plus de 10 000 », d'après l'AFP.
Interrogé par l'agence de presse, Thomas Fatôme a appelé à la prudence. Ces chiffres sont à « prendre avec du recul », a-t-il relativisé. Le directeur général de l'Assurance maladie attend « les données de remboursement « en tout début de semaine prochaine » pour « mesurer la réalité du mouvement » », informe l'AFP.
Le directeur de la Cnam a toutefois déclaré « prendre avec sérieux » les attentes des médecins, tant « sur leurs conditions de travail » qu'en termes de rémunérations. Mais s'il entend « proposer des revalorisations » dans le cadre des négociations, il souhaite aussi « répondre aux attentes de la population » en matière d'accès aux soins.
Mais les médecins contestataires entendent bien obtenir satisfaction, sans quoi, ces grèves pourraient être reconduites dans les prochaines semaines, préviennent les représentants syndicaux. Ces derniers n'excluent d'ailleurs pas de fermer leurs cabinets durant la période des fêtes.
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