« Fulgurante ». C’est ainsi que qualifie la progression en cours de la cinquième vague de Covid-19 le porte-parole du gouvernement. Si Gabriel Attal voit des « éléments qui peuvent nous inquiéter et des éléments qui peuvent nous rendre confiants », force est de constater qu’en moyenne, calculée sur sept jours, le nombre de cas quotidiens a presque doublé en une semaine. Il était de 18 189 dimanche 21 novembre, contre 10 023 le dimanche précédent. Cela représente une progression de 81,4 %.
Signe que l'épidémie va vite : avant cela, il avait fallu trois semaines pour que le nombre de cas quotidiens augmente dans les mêmes proportions. Mais comme lors des vagues précédentes, l'enjeu est de savoir si cette flambée des infections entraînera un afflux massif à l'hôpital.
La vaccination toujours efficace ?
Pour l'instant, ce n'est pas le cas, notamment grâce à la vaccination, toujours très efficace pour empêcher les formes graves de la maladie, selon le gouvernement. Dimanche, 8 038 malades du Covid étaient hospitalisés en France, dont 1 339 dans les services de soins critiques contre respectivement 6 500 et 1 000 un mois auparavant.
« On voit qu'il y a une augmentation très forte des contaminations, mais on sait aussi qu'en France, on a une très large couverture vaccinale (et) on est plutôt en avance par rapport à nos voisins sur le rappel de vaccination », a souligné dimanche Gabriel Attal.
Les données factuelles
Pourtant, le taux d’incidence moyen en France est haut : 171,5 cas pour 100 000 habitants ; et préoccupant à certains endroits, comme en Ardèche (357,6 cas pour 100 000 habitants), en Corse (326,5 cas pour 100 000 habitants), en Gironde (266,8 cas pour 100 000 habitants) ou dans le Haut-Rhin (263 cas pour 100 000 habitants), selon les chiffres de Santé Publique France du 12 au 18 novembre.
À titre de comparaison, en Autriche le taux d’incidence est à plus de 1 000 cas pour 100 000 habitants et presque 500 en Allemagne ; mais ce qui préoccupe les autorités françaises est ce que Guillaume Rozier, créateur de CovidTtracker, appelle la « croissance exponentielle ». En effet, depuis début novembre, la progression des contaminations est de 20 % par semaine.
La définition d’une exponentielle est : « taux de croissance constant ».
— GRZ (@GuillaumeRozier) November 21, 2021
Le taux de croissance hebdomadaire étant resté au-dessus de 20 % sur les 3 dernières semaines, on peut considérer que la croissance est exponentielle. https://t.co/J1hyrXJs6V
Dans une série de tweets dimanche, Guillaume Rozier a aussi comparé la vague épidémique de cet été et celle d’aujourd’hui. Si les chiffres de fin novembre sont au-dessus de ceux de juillet, plusieurs facteurs font qu’il est difficile de recevoir la comparaison.
Déjà, il y a aujourd’hui deux fois moins de dépistages que cet été – notamment parce que les tests sont devenus payants – et la période estivale a vu moins de contaminations opérer, entre autres parce que les personnes étaient plus dehors et donc moins dans des espaces fermés. Enfin, le nombre de vaccinés est bien supérieur aujourd'hui (75 % aujourd'hui, contre 43,3 % début juillet), faussant ainsi la comparaison.
Comparaison de la vague actuelle et de celle de cet été (juillet/août).
— GRZ (@GuillaumeRozier) November 21, 2021
C’est toujours difficile de faire une comparaison précise, notamment car les vagues ne partent pas du même niveau. Ici j’ai essayé de faire correspondre les cas positifs. pic.twitter.com/7YCUN7zCeD
Quid de l’hôpital ?
Si le nombre de patients Covid hospitalisés en soins critiques est « relativement stable », les conséquences sur l'hôpital de la cinquième vague, « si elle doit se produire », ne sont pas attendues avant « fin décembre ou en janvier », a indiqué lundi le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). « Le nombre de patients hospitalisés n'augmente pas trop rapidement », a assuré Martin Hirsch sur France Inter.
« L'hôpital est en situation difficile. Aujourd'hui, ça n'est pas les patients Covid », a-t-il détaillé en citant la grippe ou les maladies infantiles de saison, comme la bronchiolite. « Les prévisions sont extrêmement difficiles à faire aujourd'hui ». Par exemple, « en Île-de-France, il y a un peu moins de 300 patients en soins critiques, dont un tiers à l'AP-HP, et il y a un peu moins de 600 malades hospitalisés hors soins critiques. Le taux de patients Covid dans les lits de réanimation est à peu près d'un quart », a-t-il ajouté.
Un manque de personnel
Autre problème : le manque de personnel à l’hôpital, notamment chez les paramédicaux. Martin Hirsch a indiqué qu'un millier de postes sur environ 18 000 n'étaient actuellement pas pourvus à l'AP-HP. « Ça pèse, pas seulement sur les opérations, a-t-il assuré. À cause de ce manque d'infirmiers, on a grosso modo 13 % de nos lits fermés à l'AP-HP. On ne prend pas 13 % de patients en moins mais 4 ou 5 % en hospitalisation. En revanche, en hôpital de jour on prend 5 % de patients en plus. »
« On soigne à peu près autant de patients avec un peu moins de personnel et avec un certain nombre de lits fermés. Ce qui explique en partie les tensions. Tout le monde serre les fesses. Ça ne peut pas tenir des mois et des mois bien évidemment », a encore prévenu le responsable de l'AP-HP.
(Avec AFP)
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