Le 8 mars se tient la journée internationale des droits des femmes. En France, à cette occasion, le gouvernement dévoile son plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Et de nombreuses mesures concernent la santé.
➔ Mieux accompagner les femmes victimes de fausse couche
En premier lieu, l’exécutif veut mieux accompagner les femmes à la suite d’une fausse couche. En effet, 15 % des grossesses donneraient lieu à une fausse couche, ce qui concernerait une femme sur dix au cours de sa vie. Pour cet « enjeu de société », il est prévu de supprimer le délai de carence en cas d’arrêt maladie consécutif à une fausse couche : ce qui permettra aux femmes d’être indemnisées dès le premier jour d’arrêt de travail. L’accompagnement psychologique des femmes (et le cas échéant de leur partenaire) sera renforcé et un parcours dédié sera créé dans une approche pluridisciplinaire pour mieux les accompagner. Une proposition de loi déposée par le MoDem était d'ailleurs examinée aujourd'hui à l'Assemblée.
➔ Favoriser l’emploi du préservatif féminin
Concernant la contraception, le gouvernement veut mettre l’accent sur le préservatif féminin, « encore méconnu et sous-utilisé, malgré une fiabilité supérieure à celle du préservatif masculin ». Ceci s’explique notamment par son prix, jusqu’à 15 fois plus cher. Mais, note le gouvernement, « il permet aux femmes une liberté et un contrôle total en matière de prévention des infections sexuellement transmissibles (IST) et constitue un puissant outil de lutte contre les nouvelles formes de violences sexuelles ("stealthing", ou retrait non consenti du préservatif masculin pendant l’acte sexuel) ».
Ainsi, les préservatifs féminins seront gratuits et sans ordonnance en pharmacie pour les jeunes jusqu’à 25 ans, dans la continuité de l’annonce faite par le président de la République le 8 décembre 2022 pour les préservatifs masculins. Le service numérique « Tumeplay », qui « apporte des réponses bienveillantes et inclusives en santé sexuelle via une expérience ludique pour les jeunes » sera généralisé.
➔ Renforcer la lutte contre la précarité menstruelle
Autre grande orientation du plan interministériel : renforcer la lutte contre la précarité menstruelle. Déjà en mars 2021, l'étude l’étude « Hygiène et précarité en France », publiée par l’Ifop et l’association Dons solidaires, montrait que « plus d’un million et demi de femmes (étaient) concernées » par cette précarité. Ainsi 26 % de femmes bénéficiaires d’associations de solidarités étaient obligées d’utiliser des protections de fortune, comme du papier toilette ou des mouchoirs. Une autre étude Opinionway de mars 2023 fait état d’une « augmentation préoccupante de ces chiffres dans un contexte d’inflation en particulier chez les plus jeunes ». Ainsi, les jeunes (18-24 ans) sont les plus touchées avec « 44 % (qui) ont des difficultés à se procurer des protections en quantité suffisante, (et) 330 000 jeunes (qui) n’ont pas accès régulièrement à des protections périodiques ».
Alors, le gouvernement permettra le remboursement par la Sécurité sociale des protections périodiques réutilisables pour les jeunes jusqu’à 25 ans à compter de 2024. Aussi, le budget dédié à la lutte contre la précarité menstruelle pour financer les projets portés par les associations à destination des femmes précaires sera doublé. Les collectivités territoriales seront incitées à mettre en place des distributeurs de protections périodiques dans les établissements du secondaire pas encore équipées et les actions de sensibilisation sur l’hygiène corporelle et menstruelle seront amplifiées pour « briser le tabou des règles ».
➔ Mieux prendre en compte les spécificités de la santé des femmes
Le gouvernement s'appuie sur des statistiques pour défendre une meilleure prise en compte des spécificités de la santé des femmes : 90 % des cancers du col de l’utérus et 80 % des maladies pourraient être évitées grâce au dépistage. Une « Semaine Santé des femmes » incluant chaque année une campagne nationale et des actions « aller vers » sera introduite, avec un thème annuel à décliner sur l’ensemble du territoire.
De plus, 30 bus itinérants ont été aménagés pour le dépistage et la prévention gynécologique et cardiovasculaire des femmes sur les territoires les plus déficitaires. Enfin, grâce à des partenariats avec des collectivités et d’autres acteurs impliqués, le gouvernement veut permettre aux parents isolés d’accéder à des rendez-vous communs parent-enfant et solutions de garde lors des hospitalisations de jour ou de courts séjours.
➔ Améliorer l’accès aux soins des femmes en grande précarité
Le gouvernement veut également agir pour améliorer l’accès aux soins des femmes en situation de grande précarité. En France, « 115 000 femmes sont sans domicile et exposées à la violence et aux risques prostitutionnels et pour beaucoup avec un état de santé physique et psychologique très dégradé », renseigne le gouvernement.
Alors, les lits haltes soins santé (LHSS) périnatalité pour les femmes et les nourrissons qui nécessitent un accueil médicalisé seront développés et les places d’hébergement d’urgence pour les femmes en pré- et post-maternité seront maintenues. Le repérage et la prise en charge des besoins en santé des femmes à la rue et hébergées seront améliorés et des solutions adaptées pour celles souffrant d’addictions seront déployées.
➔ Réduire les inégalités liées à la parentalité
Le gouvernement entend également réduire les inégalités liées à la parentalité : la durée d’affiliation nécessaire avant de pouvoir percevoir une indemnisation sera diminuée de 10 à 6 mois pour les congés maternité et paternité. Une réflexion sera menée sur les minimums versés et un dialogue avec les partenaires sociaux pour augmenter le nombre d’autorisations d’absence pour le coparent qui souhaite assister aux rendez-vous médicaux prénataux sera engagé.
➔ Protéger les femmes victimes de violences
Pour assurer une protection intégrale et immédiate des femmes sur l’ensemble du territoire, le gouvernement prévoit de doter chaque département d’une structure médico-sociale de prise en charge globale des femmes victimes de tous types de violences. Cette structure sera adossée à un centre hospitalier et généralisera le recueil de plainte ou de preuve sans plainte, à titre conservatoire, au sein d’établissements de santé. Les permanences des associations d’aide aux victimes au sein des Maisons France Services et des Bus France Services seront également renforcées.
Le gouvernement veut également mieux former et spécialiser les professionnels confrontés aux procédures de violences conjugales, pour mieux évaluer le danger auquel celles-ci sont exposées, pour mieux les protéger et favoriser la transmission d’informations aux autorités compétentes. En ce sens, le fichier de protection des victimes de violences intrafamiliales (FPVIF) sera mis en place fin 2023 et enrichi des données relatives à la victime, en plus de celles relatives à l’auteur.
Deux missions sont lancées pour améliorer le traitement des violences sexuelles : l’une au Haut Conseil à l’égalité sur la prise en charge globale des victimes, l’autre à deux personnalités qualifiées afin d’améliorer la prévention, la détection et l’accompagnement des victimes de violences sexuelles et sexistes (VSS) commises par une personne abusant de sa position d’autorité ou de pouvoir.
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