Une loi sur l'aide active à mourir, telle qu'envisagée par Emmanuel Macron, risque d'envoyer un message dangereux aux personnes vulnérables, a estimé jeudi le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, sur une ligne déjà exprimée par son homologue de la Santé, François Braun.
« L'aide active à mourir n'est pas seulement une question individuelle, médicale ou philosophique », a jugé Jean-Christophe Combe dans un entretien publié jeudi soir sur le site du Figaro.
« Il faut être très vigilant au signal que nous envoyons aux personnes qui se sentent fragiles ou désespérées et à leurs familles », a-t-il insisté.
Un projet de loi prévu en septembre
Ces propos interviennent alors que le gouvernement, à la demande du président Emmanuel Macron, travaille pour la rentrée de septembre à un projet de loi sur la fin de vie.
Celui-ci doit tenir compte des conclusions d'une convention citoyenne qui s'est prononcée en début d'année pour la légalisation sous condition d'une « aide active à mourir », un terme qui regroupe potentiellement l'assistance au suicide ou l'euthanasie.
Le chef de l'État ne s'est toutefois pas engagé explicitement à légaliser une telle aide, évoquant la mise en place d'un « modèle français » de la fin de vie et en renvoyant les détails au gouvernement et aux parlementaires.
M. Combe est le second ministre à exprimer ses réserves après son homologue de la Santé, François Braun, qui avait jugé en avril qu'une légalisation de l'aide active à mourir « changerait profondément notre société et notre rapport à la mort ».
Hors du gouvernement, François Bayrou, membre éminent de la majorité, a, lui, dit s'opposer à « un service public pour donner la mort ».
Une loi actant l'aide active à mourir « risquerait surtout de nous faire basculer dans un autre rapport à la vulnérabilité, a renchéri jeudi Jean-Christophe Combe. Le risque que nous devons éviter, c'est le message implicite qui pourrait conduire les personnes vulnérables à l'auto-effacement. »
La législation actuelle, fixée par la loi Claeys-Leonetti de 2016, permet aux soignants de mettre sous sédation irréversible des patients proches de la mort, dont les souffrances sont intolérables. Mais elle ne va pas jusqu'à autoriser une assistance au suicide ou l'euthanasie.
Cette loi « n'est pas encore pleinement appliquée », a jugé M. Combe, se prononçant par ailleurs sur la mise en place de « soins palliatifs mieux connus et plus précoces », idée faisant l'unanimité mais dont la traduction concrète reste difficile.
Avec AFP.
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