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Football et santé, des liaisons dangereuses ?

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Publié le 02/05/2023
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Le numéro 14 du magazine Caviar propose un dossier mêlant football et santé. Il offre un panel de thématiques captivantes, que l’on soit mordu ou non du ballon rond.

Crédit photo : Éditions Amphora

Médecins fans de football, le dernier opus de Caviar, revue qui traite ce sport comme un fait de société, est résolument fait pour vous ! Mais nul besoin d’être passionné par cette discipline pour apprécier ce quatorzième volume. Il enthousiasmera aussi ceux qui ont vu et soigné des blessures, qu’elles soient physiques ou psychologiques, chez les sportifs. Vous, donc, qui vous êtes probablement déjà demandé, comme le fait ce dossier, « le football est-il dangereux pour la santé ? ».

La bigorexie reconnue comme maladie par l’OMS

La docteure en psychologie du sport Cécile Traverse souligne à quel point les questions de santé mentale ne sont pas assez prises en compte chez les sportifs. Mais ça change. Preuve de la prise de conscience grandissante : l’interview du Pr Vincent Gouttebarge, médecin en chef de la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels (Fifpro), qui dirige l’étude Drake Football, laquelle suit la santé physique et mentale de 150 joueurs sur dix ans. L’ancien défenseur de l’AJ Auxerre, reconverti en scientifique, invite notamment les clubs à utiliser le Sport Mental Health Assesment Tool (SMHAT), qui permet d’identifier les problèmes psychologiques des athlètes, comme le stress, en dix questions. Pour lui, il faut briser l’omerta qui règne chez les sportifs de haut niveau, bien rémunérés, qui souffrent aussi. « La santé mentale n’est pas fonction du compte en banque », résume-t-il en substance.

Les clubs de football sont de plus en plus nombreux à mettre en place de séances de méditation, yoga ou sophrologie pour permettre à leurs joueurs de se relaxer. Dans le football féminin, une adaptation des programmes d’entraînement est d’ailleurs nécessaire lorsque les joueuses ont leurs règles. Quid de celles atteintes d’endométriose ? Concernée, l’Espagnole Marta Peiró Giménez a dû mettre fin à sa carrière à 24 ans pour donner la priorité à sa santé, raconte-t-elle dans une interview accordée au magazine.

Dans ce volume de Caviar, il est également question d’une maladie peu connue, la bigorexie, dont Servane Heudiard, 50 ans, traductrice, souffre. Pour elle, « le sport est comme une drogue ». Vélo, aviron, marche… elle pousse son corps à bout jusqu’à provoquer des accidents. Le champion du monde de football 1998, Bixente Lizarazu, avait lui aussi confié dans son livre Mes prolongations (éditions du Seuil, 2018) être bigorexique. Maladie reconnue par l’Organisation mondiale de la santé, elle touche environ 15 % de la population.

Du « football en marchant » sur ordonnance

Les omnipraticiens ont aussi leur rôle à jouer dans cette multitude de problématiques, raconte Caviar. Car le foot peut être bon pour la santé ! Un médecin généraliste strasbourgeois, pionnier de la prescription d’activité physique sur ordonnance, a participé à l’essor du « walking foot », pour « football en marchant ». Cette variation du sport le plus populaire au monde permet, pour le Dr Alexandre Feltz, de faire se dépenser des patients atteints de maladies chroniques. C’est aussi l’opportunité, pour les personnes gravement blessées, de continuer à jouer au ballon rond sans forcer. Le dossier de Caviar permet également de répondre à quelques rumeurs. Par exemple, la pratique du football augmente-t-elle le risque de développer un cancer des testicules ? Aucune étude ne le prouve pour l’heure.

La médecine du sport est l’une des grandes thématiques de ce numéro. Un portrait du haut en couleur Dr Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt, médecin du Bayern Munich pendant 40 ans, montre l’attrait des sportifs pour les thérapies non conventionnelles. Une interview du médecin de l’Atlético de Madrid depuis 28 ans, le Dr José María Villalón, montre pourquoi l’organisation d’un staff médical dans un club de football est primordiale, de la nutrition à la psychologie. Il est aussi question des traitements médicaux d’urgence pour remettre les footballeurs sur pied, tels que les infiltrations : sont-elles sans risque pour le futur des joueurs ?

Le magazine s’est aussi intéressé au destin de Matthieu Udol. À 26 ans, le joueur du FC Metz a été victime de quatre (!) ruptures des ligaments croisés du genou droit. Éloigné plus de 1 000 jours des terrains, le latéral gauche est aujourd’hui capitaine de son club formateur et lutte avec Bordeaux pour l’accession en Ligue 1. Le numéro s’intéresse également aux spectateurs en situation de handicap. Ainsi, dans le championnat, seuls les stades de Lille, Lyon, Marseille, Paris et, depuis cette saison, Reims proposent une audiodescription des matchs au stade, rapporte Caviar. En Allemagne, tous les clubs en sont dotés. À bon entendeur…

Caviar, n° 14, mars 2023, « En corps blessés. Le football est-il dangereux pour la santé ? », 12,95 euros, éditions Amphora. En librairies.


Source : lequotidiendumedecin.fr