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GHT, la fin de l'exception pour la psychiatrie ?

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Publié le 13/02/2020
GHT

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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Pour comprendre la crise actuelle de l'hôpital public, le rapport de l'Igas (Inspection générale des affaires sociales), bilan d'étape des groupements hospitaliers de territoire, tend un miroir éclairant. Certes, les personnels hospitaliers se sont approprié l'outil dans un temps court. Mais les différents projets se heurtent au manque de moyens financiers. En témoigne l'exemple des systèmes d'information (SI). 95 % des GHT ne disposent pas d'un système d'information patient commun au sein du groupement. Cette situation ne devrait pas s'améliorer à moyen terme en l'absence de nouvelles ressources budgétaires. En moyenne 2 à 5 SI patients différents sont recensés dans chaque GHT. « Cette situation pénalise grandement la coopération et la mutualisation des moyens médicaux », écrivent les auteurs du rapport. Au-delà, la dynamique propre des GHT est fragilisée par trois obstacles principaux rencontrés par le GHT Yvelines nord, à savoir le problème de la démographie médicale, notamment dans les services d'urgence et d'anesthésie, la situation financière difficile de chaque établissement. À ces deux handicaps internes, s'ajoute l'aiguillon de la concurrence du privé qui se transforme rapidement. Cette situation locale peut être étendue au niveau national. La tension sur les postes vacants de médecins « est une réalité nationale. [...] L'attractivité des établissements privés exercée dans certaines disciplines ou spécialités met certaines équipes en quasi-rupture. C'est notamment le cas en région PACA sur le littoral méditerranéen », décrit le rapport. Conséquence, l'intérim explose dans certains territoires. Les hausses sont « le plus souvent très importantes et quelques-unes vertigineuses ». Dans la période 2015-2018, l'augmentation atteint 1732 % dans le Nord Yonne. Même la fusion d'établissements qu'aurait dû provoquer la constitution des GHT ne progresse plus. Bref, les « GHT sont actuellement au milieu du gué ». Dans ce contexte pour donner une nouvelle impulsion, le rapport de l'Igas suggère, avant d'aller plus en avant, la mise en œuvre d’une évaluation dans chaque GHT. Il préconise également la fin des dérogations temporaires accordées aux centres hospitaliers de psychiatrie pour ne pas alors intégrer les GHT. Les élus locaux à l'avenir devront davantage être associés à la gouvernance des GHT. Dans le même esprit, la gouvernance des GHT devra tenir compte de la priorité accordée à l'organisation du premier recours hospitalier (cf. notre enquête Décision et Stratégie Santé à paraître "Hôpitaux locaux, la réforme peut-elle échouer ?"). L'ultime reco du rapport, la création d'un établissement public de santé territorial se substituant en une fois aux établissements partenaires du GHT, relève bien d'un scénario à moyen terme.  


Source : lequotidiendumedecin.fr