Haute autorité !

Pour une surprise, c’est une surprise ! On attendait un politique et c’est finalement une personnalité au profil scientifique qui a pris les rênes de l’avenue de Ségur. Dans le petit monde de la santé, personne n’avait parié sur le Pr Agnès Buzyn. L’hématologue à la carrière météorique ces dernières années, de l’Institut du cancer à la HAS, remplissait pourtant tous les critères requis par Emmanuel Macron. C’est une femme, dans un gouvernement paritaire. Elle est médecin comme il l’avait promis. Et elle appartient à la société civile. Un CV sans points faibles pour le job…

Les médecins héritent avec elle d’une personnalité brillante, d’une décideuse et d’une soignante qui, ces dernières années, a eu tout loisir d’analyser les vices et les vertus de la machinerie sanitaire française, mais dont on ignore encore la vision qu’elle porte sur la réforme du système de soins. Ce n’est pas la première fois qu’un médecin débarque avenue de Ségur, mais, d’une certaine façon, son arrivée est une vraie nouveauté. Les confrères qui l’ont précédée s’installaient nantis d’un parcours médiatique ou politique conséquent. Y compris le Pr Léon Schwartzenberg… qui n’est resté qu’une semaine en fonction ! On souhaite évidemment à Agnès Buzyn davantage de longévité à ce poste… Elle a fait ses classes dans l’administration de la santé, elle en connait toutes les aranes, une bonne école pour durer.

On ne gère pourtant pas l’avenue de Ségur comme une Agence. Et la nouvelle ministre devra aussi faire ses preuves. Il lui faudra affronter des crises, subir les colères des soignants ou des patients et trouver la bonne mesure entre sagesse et principe de précaution, émotion et réflexion, autorité et concertation. Le temps ne s’écoule pas de la même façon à Saint-Denis, siège de la HAS, et avenue de Ségur… Mais, dans cette mission, Agnès Buzyn ne manque pas d’atouts pour s’imposer. Confraternité oblige, elle devrait bénéficier au départ de la considération de ses pairs. Et, surtout, elle semble coller avec le programme santé du candidat Macron comme si certains passages avaient été écrits pour elle. On la sait déterminée sur les questions de prévention, sourcilleuse sur l’égalité dans l’accès aux soins, consciente des enjeux de l’innovation, mais aussi de la place centrale de la médecine générale dans le parcours de soins. Tout un programme. Et presque une feuille de route…