Le Dr Yannick Neuder, cardiologue, député (LR) de l’Isère a dénoncé « un recyclage de mesures », dès le soir de la présentation par Agnès Firmin Le Bodo, en fin de semaine dernière, de son plan en faveur de l’accès aux soins dans les territoires. Pour « Le Quotidien », le membre de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale détaille ses critiques, milite pour une formation mieux adaptée des futurs étudiants en médecine, et prédit une rentrée « difficile » pour les médecins.
LE QUOTIDIEN : Vous avez été prompt à réagir aux annonces de la ministre et la présentation de son plan « anti désert médicaux ». Y voyez-vous vraiment une coquille vide ?
DR YANNICK NEUDER : Non, ce n’est pas une coquille vide, mais ce que la ministre a présenté, elle l’avait déjà annoncé au mois de janvier. Elle a fait un recyclage pour passer l’été, et peut-être aussi répondre à la commande des 100 jours voulue par le président de la République. Cela dit, ce n’est pas pour autant que ces annonces vont forcément dans le mauvais sens. Les postes d’assistants médicaux qui manquent, par exemple, il faut qu’on les trouve, qu’on les forme et que les médecins généralistes puissent les employer. Mais il faut aller plus loin. On pourrait même envisager qu’il y ait plusieurs assistants médicaux par médecin généraliste, comme ce que fait le système allemand, où un généraliste peut avoir jusqu’à quatre assistants médicaux pour faire face à l’augmentation du nombre de patients. Le problème des déserts médicaux, qui touche la quasi-totalité de la France, est numérique et on ne voit absolument aucune mesure de fond pour y répondre et augmenter en profondeur le nombre d’étudiants en médecine.
Le passage au numerus apertus n’est donc pas une bonne solution, selon vous ?
Non, en réalité on a laissé un numerus clausus. On a juste changé le nom. Il y a bien une augmentation du nombre d’étudiants en médecine, de l’ordre de 10 % à 15 % en fonction des facultés, mais surtout, les étudiants, à la différence de l’ancien système du numerus clausus, n’ont plus le droit de redoubler. À l’arrivée, on a un nombre conséquent d’étudiants en médecine qui fuient passer leur diplôme l’étranger, en Roumanie, en Espagne où ils peuvent bénéficier de cours en français. Il nous faut intensifier rapidement la formation du nombre de médecins, supprimer ce numerus apertus et au-delà du nombre de places en médecine, il faut donner les moyens pour que les étudiants puissent être accueillis correctement dans les facultés.
Comment ?
En attribuant davantage de moyens aux universités et en recrutant les 20 000 maîtres de stages manquants aujourd’hui. Une autre difficulté importante est les places de stage. Je pense qu’il ne faut pas dépeupler l’hôpital des stages d’internes et d’externes, car on sait très bien que sans eux les hôpitaux ne peuvent pas tourner, mais il faut créer de lieux de stage supplémentaires : dans des centres de consultations non programmées, dans des MSP, dans des cliniques privées… Il faut augmenter drastiquement le nombre de lieux de stage et ne pas mégoter sur la formation des soignants de demain.
Vous avez voté, au nom du groupe LR, contre la PPL Valletoux, en critiquant notamment un passage sur les CPTS, lequel ?
Attention, nous n’avons pas voté contre les CPTS, mais l’adhésion ne doit pas être automatique, ça doit être avant tout une volonté des praticiens médicaux et paramédicaux. On ne décrète pas que les gens veulent se mettre ensemble pour travailler. Le rendre obligatoire et leur donner la possibilité d’en sortir, je trouve que ça va contre l’esprit même de la médecine libérale.
Les discussions autour du texte reprennent en septembre, tout comme, a priori, les négociations conventionnelles dans un contexte tendu entre les généralistes l’Assurance-maladie depuis cet été. Comment voyez-vous cette rentrée ?
Je la sens difficile. D’autant qu’il n’y a pas non plus de réforme structurelle pour l’hôpital et pas de choc d’attractivité. Il faut accentuer l’accroissement des effectifs de médecine et favoriser les passerelles de formation. Les parcours d'études des paramédicaux - les kinés, par exemple, sont bac plus 5, les sages-femmes, bac plus 6 -, pourraient nous permettre de trouver des systèmes de passerelles. Cela reposerait sur un système de formation et d’examen pour celles et ceux qui souhaitent devenir médecin. Il faut qu’on forme plus de médecins, vite !
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