Quelle appréciation portez-vous sur l’article 33 de la loi Rist qui encadre les plafonds de rémunération de l’intérim médical ?
Nous sommes profondément légalistes et nous respecterons ce texte sans rechercher les moyens de le contourner. Cela étant précisé, le fait que ces dispositions ne s’appliquent pas au secteur privé pose problème, même s’il est probable que les rémunérations baisseront là aussi dans la mesure où proposer quelques centaines d’euros au-dessus du plafond imposé au secteur public suffira probablement à préserver l’attractivité des cliniques et hôpitaux privés… J’aimerais enfin et surtout rappeler que l’intérim médical et paramédical de la fonction publique hospitalière est encadré par des marchés publics. La totalité des CHU et l’immense majorité des centres hospitaliers ont fixé des conditions de rémunération maximales pour ces prestations et je ne comprends pas pourquoi ils ne les respectent pas et font appel à des sociétés hors marché qui leur imposent des rémunérations élevées et une facturation de frais de gestion démesurée. Ce sont ces comportements qui ont en partie généré les dérives que nous connaissons car les professionnels se parlent. S’ils apprennent qu’ils peuvent gagner deux à trois plus en se déclarant indisponibles auprès des entreprises titulaires des marchés publics, ils le feront. Les hôpitaux sont donc aussi responsables de la surenchère salariale.
Avez-vous défendu des solutions alternatives au plafonnement des rémunérations dans le secteur public ?
La meilleure solution demeure la négociation dans le cadre de marchés publics, et notamment d’appels d’offres nationaux. Les trois fédérations - FHF, Fehap et FHP – se sont certes engagées à contenir les niveaux de rémunération des intérimaires mais que se passera-t-il dans les faits ? Les établissements privés ne seront-ils pas tentés de maintenir des écarts salariaux pour remplir leurs lignes de planning ? Rappelons une fois encore que l’intérim n’a pas pour vocation de combler des postes vacants mais de pallier des absences inopinées de courte durée. Pour qu’il retrouve des proportions raisonnables au sein des établissements de santé, nous devons convaincre le gouvernement de travailler sur l’attractivité des carrières car rien n’empêchera un professionnel qui a besoin de retrouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ou d’échapper à un management toxique, de quitter l’hôpital. L’image des mercenaires, qui est aujourd’hui fréquemment utilisée, est abusive. N’oublions pas les soignants en souffrance.
Comment décririez-vous l’évolution de l’intérim médical depuis quelques années et que se passera-t-il début avril ?
Il est important de rappeler que les tensions sont apparues avant l’épidémie de Covid-19. La crise sanitaire a certes ajouté de l’épuisement et de l’exaspération, mais le modèle managérial de l’hôpital dysfonctionnait bien avant. Ensuite, les mesures du Ségur relatives à l’augmentation des rémunérations ont malheureusement été inaudibles. Ce qui est frappant aujourd’hui, c’est que les soignants ne manifestent plus. Ils partent. Sans bruit. Et aucune entreprise de travail temporaire n’est en mesure de répondre aux besoins d’intérim médical ou paramédical des établissements. Nous recevons trois fois plus de demandes que ce que nous pouvons satisfaire. Et certains services dysfonctionnent tellement que les intérimaires refusent de s’y rendre, quelle que soit la rémunération… Malheureusement, nous n’avons pas été invités par François Braun à la réunion organisée sur l’intérim médical et paramédical le 17 mars dernier. Quant à ce que sera la situation hospitalière dans quelques jours, je ne me risquerai à aucun pronostic. Personne n’est capable de dire ce qu’il va se passer.
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