Quelle est la place de Gustave-Roussy dans l'écosystème du cancer ?
L'Institut Gustave-Roussy est un centre de recours chez 85 % des patients, adressés pour des traitements complexes. On peut citer les cas de cancers maxillo-faciaux. D'autres cancers ont une fréquence très rare et exigent une prise en charge ultra-spécialisée afin d'optimiser la survie. Enfin, nous avons développé un centre d'accès à l'innovation des patients avec un centre de recherche clinique le plus évolué en Europe. 3 500 à 4 000 patients sont inclus chaque année dans des protocoles. Un millier d'entre eux participent à des phases précoces. Il ne faut pas seulement parler d'innovation mais créer un accès à l'innovation. C'est ce qu'attendent les patients. Lorsque l'on ne dispose pas de cette masse critique, il faut s'interroger sur la place que l'on peut occuper dans l'écosystème.
Comment collaborer avec les CHU ?
Le cancer est la première cause de mortalité. Dans ce contexte, les CHU ont l'obligation de prendre en charge cette pathologie. Comment s'organise-t-elle en pratique ? Cinq disciplines sont au moins concernées. Citons l'anatomopathologie, l'imagerie, la chirurgie, l'oncologie, la radiothérapie. L'étape diagnostique, on l'a compris, est pluridisciplinaire. Elle a exigé d'être organisée au sein d'un grand établissement de type centre de lutte contre le cancer ou CHU. Les CLCC ont joué en cela un rôle structurant historique qui a permis la diffusion des bonnes pratiques dans tous les établissements de santé et le développement de sur-expertise. Cette étape franchie, les CLCC et les CHU vont devoir regrouper leurs forces pour constituer les masses critiques suffisantes qui permettront de poursuivre l’effort de recherche. On ne peut plus se permettre de vivre dans deux mondes distincts. Au lieu de se réfugier dans le passé et lutter pour ses droits acquis, il faut plutôt regarder l'avenir. Même un centre comme Gustave-Roussy dédié à l'innovation, détenteur d'une masse critique, n'aura pas d'avenir s'il n'établit pas une coopération avec l'université Paris Sud-Paris Saclay. La complexité de la médecine d'aujourd'hui, la prise en charge des comorbidités notamment chez les personnes âgées, nécessite des compétences pluridisciplinaires. L'hyperspécialisation en cancérologie ne suffit plus. Il faut savoir bénéficier des innovations sur tous les fronts. Dès mon arrivée à Gustave Roussy, j'ai préconisé ce rapprochement et non pas une opposition avec les CHU. Il n'y a pas d'autre issue.
Les Pays-Bas sont-ils un modèle ?
La recherche biomédicale aux Pays-Bas bénéficie d'un terreau très fertile. Selon le critère du nombre d'habitants, c'est le pays qui est le premier producteur d'articles scientifiques dans le monde. Cela n'est pas arrivé par hasard. On a créé des Universités-Centres médicaux. Que cela signifie-t-il ? À la différence de la France, il n'y a pas d'organismes de recherche comme le CNRS ou l'Inserm. L'université porte la recherche. À Eindhoven, l'université dispose d'une tour de 25 étages consacrés uniquement à la recherche. Un seul board gère l'ensemble. Le président est médecin. Le vice-président est le doyen de la faculté de médecine. Il est constitué de six ou sept personnes au maximum. Comme la recherche fondamentale est liée à la recherche clinique sur un seul site, cela conduit à une efficience maximale. À l’intérieur de l'Erasmus University Medical Center, sont regroupés six centres thématiques dont un dédié au cancer. Ce dispositif devrait être regardé en France notamment parce qu'il ne génère pas de conflits entre structures. Les Pays-Bas comptent huit grandes structures de ce type qui sont reliées par des systèmes d'information digitaux et des programmes cliniques communs. En France, lorsque l'on réunit l'ensemble des partenaires, chacun défend d'abord sa propre identité. Ce qui compte c'est le résultat final, fruit selon moi, d'une intégration totale.
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