Ouverture de l'accès direct, primoprescription… Ces dernières années, les infirmiers en pratique avancée (IPA) ont vu leurs compétences s'élargir progressivement à la demande des pouvoirs publics et notamment dernièrement à la faveur de la loi Rist.
Objectifs affichés ? Résoudre une partie des problématiques d'accès aux soins et répondre aux tensions sur la démographie médicale.
C'est d'ailleurs précisément pour répondre à ces enjeux que les pouvoirs publics ont créé en 2016 cette profession dans le cadre de la loi de modernisation de notre système de santé.
Réticence des médecins
Mais cet élargissement de compétences, perçu par certains médecins comme un glissement vers les leurs, n'est pas toujours vu d'un bon œil.
Selon la Cour des comptes, c'est en partie à cause de cette « opposition persistante » de la part d'une partie des médecins que la profession peine à se développer.
Dans leur rapport, les Sages de la rue Cambon estiment que « par méconnaissance ou par crainte de concurrence », les médecins refusent « trop souvent » d'orienter leurs patients vers des IPA alors que les compétences de ces derniers permettent de répondre aux besoins des patients.
D'ailleurs, avant même l'adoption de la PPL Rist « portant amélioration de l’accès aux soins par la confiance dans les professionnels », cette réticence était déjà perceptible, renseignent les Sages.
Un modèle économique encore à définir
L'autre obstacle identifié par la juridiction financière est le modèle économique qui entoure la profession. Celui-ci « ne permet pas aux IPA de vivre de leur activité », estime la Cour des comptes. Elle détaille : « Ce modèle a évolué et est désormais plus favorable mais il ne lève pas pour autant l’obstacle de l’orientation des patients par les médecins, ce qui les maintient dans une situation économique précaire. »
« Au regard de l’effort de formation consenti, les perspectives financières et les postes proposés présentent, dans des proportions qui demeurent inconnues, un intérêt inférieur à ce qui a été annoncé initialement puis qui est attendu », estime les auteurs de l'audit flash.
Pour encourager le développement de cette profession, les Sages préconisent de « faciliter l’accès à la formation des IPA, en l’ouvrant à l’apprentissage et à la validation de l’expérience, en cadrant mieux son contenu et en levant les freins financiers ».
Pour rappel, le ministère s’était fixé une cible de 3 000 IPA formés ou en formation d’ici à 2022 et, à terme, de 6 000 à 18 000 IPA en exercice. « Or, en 2021, seuls 581 IPA étaient diplômés et 1 366 en formation ; 131 exerçaient en ville », renseigne la Cour des comptes. Encore donc loin des objectifs affichés…
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