Naguère, le risque consistait en une révolte si violente qu'elle aurait éliminé le pouvoir, provoquant en quelque sorte une crise de régime. Aujourd'hui, le risque, c'est un zèle extrême des pouvoirs publics qui, dans la nécessité d'appliquer un remède de cheval, choisiraient une voie périlleuse, celle de la dépense à tout-va. J'ai posé ici quelques questions sur les moyens financiers limités (et même inexistants) de l'exécutif. Mais il ne s'agit pas qu'une question financière. Il faut d'abord observer la chronologie des événements selon la perspective imposée. Les changements budgétaires vont intervenir avant, pendant et après les élections européennes. Les gilets jaunes et une forte partie de l'opposition n'accordent aucun crédit aux efforts du gouvernement. Ils contestent sa sincérité. Ils lui trouvent les arrière-pensées les plus négatives. Ils exigent qu'il cède, c'est-à-dire qu'il disparaisse.
La conjoncture politique va apporter à Emmanuel Macron les éléments d'un big bang politique. Il peut juger par exemple que le Premier ministre, chargé d'appliquer un programme économique d'équilibre financier, n'est plus l'homme de la situation et que, pour la commisération, pour la générosité et pour la dépense, il faut un autre homme. Ceux qui, de la France insoumise au Rassemblement national en passant par les gilets, souhaitent tous les jours la destitution du président et la dissolution de l'Assemblée nationale, verraient déjà la démission d'Edouard Philippe comme une victoire. Elle annoncerait bien sûr un coup d'arrêt à l'austérité. Elle permettrait à M. Macron de confier un gouvernement entièrement remodelé à un homme « nouveau », par exemple François Bayrou, lequel, mêlant ses douces critiques à son ardente expectative, se montrerait furieusement intéressé. Il formerait une équipe susceptible de faire oublier ceux qui parlaient de taxe carbone et de la hausse du prix du diesel. Ce serait l'ère de Macron II.
La seule concession impossible
Je ne suis pas convaincu qu'existe, dans les rangs de la REM ou du MoDem, assez de femmes et d'hommes cumulant assez de subtilité pour inventer un programme qui financerait les largesses exigées par le peuple par une meilleure maîtrise de la dépense publique. Le changement de politique et de personnel serait en revanche assez spectaculaire pour faire réfléchir les gardiens de rond-point et les manifestants du samedi. Certes, nous sommes dans un monde assez irrationnel pour que la crise résiste à la thérapie la plus radicale. Mais le sérieux avec lequel Philippe et Macron observent la dégradation des relations entre gouvernants et gouvernés peuvent inciter le premier à prendre sa part de sacrifice et le second à la lui infliger.
En revanche, ce qui peut retenir M. Macron d'aller trop loin dans les concessions politiques, c'est la conviction qu'elles ne persuaderaient pas ses adversaires. La question, dans cette société si compliquée, est relativement simple : de quel prix le pouvoir doit-il payer une crise dont nul ne conteste la gravité ? Des élections européennes dépend la décision du chef de l'Etat. S'il les gagne et, en dépit des rodomontades du RN, ce n'est pas impossible, il se sentira moins contraint de se livrer à un geste spectaculaire, mais douloureux. Si la REM arrive deuxième lors du résultat, les chances sont grandes que le président, le chef du gouvernement et la totalité de la majorité se remettent en question. Mais je ne crois pas que, quoi qu'il fasse, M. Macron se réconciliera avec les gilets jaunes. Ils réclament sa tête, la seule chose qu'il ne leur donnera jamais.
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