À l’Assemblée nationale, chaque famille politique a saisi l’opportunité de la rentrée parlementaire pour afficher la couleur en matière de santé et d’accès aux soins. Quelques jours avant la nomination du gouvernement, pas moins d’une dizaine de propositions de loi (PPL) ad hoc ont été déposées par les députés.
LR est le groupe le plus prolifique. Sans surprise, la droite républicaine se positionne à nouveau sur la réforme de l’aide médicale d’État (AME). Sans prôner la suppression intégrale de cette aide pour les étrangers sans papiers, elle défend la mise en place de mesures d’encadrement issues notamment du rapport Evin-Stefanini (décembre 2023), et ce par voie législative et non réglementaire. Côté gouvernement, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a déjà affirmé qu’il souhaitait réviser l’AME « pour faire baisser l’immigration », une position de fermeté qui a provoqué un tollé parmi de nombreux représentants associatifs ou de soignants.
Sous la houlette du Pr Philippe Juvin, le groupe LR milite aussi pour la création d’un statut d’urgences de proximité pour encadrer les centres de soins non programmés, qui poussent comme des champignons. L’anesthésiste porte une autre proposition de loi visant à encourager le cumul emploi-retraite des médecins libéraux, une de ses priorités. Côté accès aux soins, la droite propose de rendre obligatoire pour les internes la réalisation de deux semestres de stage dans une structure ambulatoire située dans un désert médical ; le groupe soutient aussi la généralisation immédiate de l’accès direct aux kinés (aujourd’hui sous forme d’expérimentation) ; la régulation des médecins diplômés hors UE (les Padhue) figure aussi au programme.
De leur côté, les écologistes poussent davantage leurs pions sur la santé publique. Une PPL prône le remboursement « intégral » des fauteuils roulants par l’Assurance-maladie, promesse d’Emmanuel Macron avant la fin 2024 ; une autre PPL défend l’instauration d’un nombre minimum de soignants par patient hospitalisé (ratios).
Le groupe Horizons joue la même carte sociale en défendant une PPL spécifique sur la protection et l'accompagnement des parents d'enfants atteints de cancers, de maladies graves et de handicap.
Internes et jeunes thésés directement dans les déserts
Les centristes du MoDem s’intéressent à l’accès aux soins dans les territoires sous-dotés en médecins généralistes et spécialistes, quitte à bousculer la profession par des mesures directives. Ils souhaitent rendre obligatoire l’installation dans un désert pendant un an pour les étudiants thésés (ensuite, retour à la pleine liberté). Les premiers jeunes concernés seraient ceux qui ont commencé leur cursus en 2023. Le MoDem recommande aussi le déploiement d’un service civique médical d’un an, rémunéré et fondé sur le volontariat, dans les bassins de vie en mal de médecins de ville.
Le Rassemblement national (RN) entend pour sa part exonérer de l’impôt sur le revenu les médecins et infirmières en cumul emploi-retraite.
Enfin, une PPL transpartisane portée par le député socialiste Olivier Falorni réclame de reprendre les travaux sur la fin de vie, interrompus au début de l’été par la dissolution de l’Assemblée nationale.
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