L’Assurance maladie s'attaque à la lombalgie commune

Publié le 11/10/2017

Pour la première fois, l’Assurance maladie lance une campagne d’information tous azimuts, « à 360° »,  sur la lombalgie commune. Pour notamment remettre d’aplomb le parcours de soins conformément aux recommandations internationales et nationales de la HAS.

En effet, selon les chiffres de la Cnam, 63% des malades bénéficient d’une imagerie du rachis dès le 1er mois d’arrêt de travail tandis que 32% des patients n’en ont toujours pas 12 mois plus tard.  Au bout d’un an, 35% des patients ne se voient pas prescrire de kinésithérapie … et le chirurgien est le médecin le plus consulté en France alors que les recommandations ne préconisent son recours qu’en dernière intention ! Pour réaliser cette campagne sur la lombalgie commune, la Cnam et six sociétés savantes dont le Collège de Médecine Générale et la Société Française de rhumatologie ont mis en place un dispositif de communication complet, plurimédias et multifacettes, qualifié « d’exemplaire » par son directeur médical, le Pr Olivier Lyon-Caen.

Ce dispositif présenté ce jour en conférence de presse, implique en premier lieu les médecins généralistes. Sauf alerte clinique à type de fièvre, d’antécédents de cancer, de traumastisme récent important, … - soit une liste de 14 symptômes qualifiés de drapeaux rouges -, le médecin doit rassurer le patient et l’aider à maintenir son activité physique ou socio-professionnelle. « Renforcer les capacités du patient à se prendre en charge et l’aider ne pas se laisser aller à un rôle passif de délégation de sa douleur aux soignants sont des éléments essentiels pour prévenir le passage à la chronicité », assure le Pr Bruno Fautrel  (PU-PH de rhumatologie, CHU Pitié-Salpétrière, Paris).

A ce stade aigü, 90% des malades guérissent en moins de 4 semaines. Au delà de ce délai de 4 à 6 semaines, la persistance douloureuse de la lombalgie devenue subaiguë doit faire l’objet d’une réévaluation et d’une identification  d’indicateurs psycho-sociaux de risque accru de passage à la chronicité. Au besoin, le recours rapide à l’avis d’un rhumatologue peut-être utile, la rééducation active devient essentielle. Le recours au médecin du travail pour éviter une désinsertion socio-professionnelle est une ressource à ne pas négliger. Une course contre la montre est alors engagée pour éviter la chronicisation, qualifiée comme telle  au bout de 3 mois d’évolution défavorable.

Des experts convaincus ... et qui souhaitent convaincre !

« La lombalgie aiguë n’est certes pas le 1er motif de consultation du médecin généraliste, mais ces consultations représentent beaucoup de difficultés pour les médecins, assure le Pr Pierre-Louis Druais, président du Collège de médecine générale. La clinique nous permet d’éliminer une organicité qui nécessite une prise en charge particulière. Une fois ce risque écarté, notre rôle est de d’écouter le patient sur sa douleur, l’aider à la surmonter et le mettre dans une perspective de guérison. Une bonne partie du traitement n’appartient pas au médecin mais au patient lui-même qui doit comprendre que vivre avec sa lombalgie est une recette pour se débarrasser de cette pathologie bénigne ».

« Notre but est quadruple, résume le Pr Fautrel. Lutter contre les croyances et les peurs qui varient selon les expériences du patient et celles de son entourage. Lui faire comprendre que le repos n’est pas la solution dans la mesure où  il expose à terme au risque de désadaptation à l’effort. Le recours à l’imagerie n’est licite qu’à partir de la 4e-6e semaine, puisqu’on n’est pas dans un diagnostic lésionnel mais dans une approche symptomatique à la phase aiguë. Et le quatrième aspect est relative à la priorité de la démarche clinique tout au long du suivi du patient ».

Cette campagne à destination du grand public débutera le 17 novembre. Dès le 26 octobre, les médecins recevront des visiteurs de l’Assurance maladie qui leur remettront des livrets dédiés et des livrets patients à remettre à leurs malades. Une webconférence à destination des médecins est organisée le 26 octobre au soir. 

Dr Linda Sitruk

Source : lequotidiendumedecin.fr