Le futur projet de loi immigration contient des velléités de disparition de l’Aide médicale d’État (AME) au profit uniquement d’une prise en charge des « soins urgents ». Si le ministre de la Santé François Braun a déjà alerté son collègue Gérald Darmanin contre les dangers d’une telle suppression, certains parlementaires semblent prêts à dégainer sur le sujet.
Dans un communiqué publié le 2 juin, c’est le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) qui se prononce contre la suppression de l’AME. Il explique que si cette redéfinition du périmètre de l’AME doit permettre une économie de 350 millions d’euros, cela occulte l’importance de la prévention et des soins de santé primaire.
« Un meilleur accès aux soins diminue les dépenses de santé, notamment pour cette population fragile alors que des soins délivrés plus tardivement et en urgence pour des pathologies plus avancées engendreront des coûts plus importants », souligne le CNGE.
Il rappelle qu’en 2015 ces surcoûts avaient déjà été décrits par l’Union européenne et qu’en 2019 un rapport conjoint de l’Inspection générale des affaires sociales et l’Inspection générale des finances soulignait que « ne pas assurer un accès aux soins primaires à des personnes, particulièrement celles en situation de précarité (…) peut conduire in fine la société à devoir assumer des dépenses plus importantes ».
« Une réduction du panier de soins de l’AME aurait pour effet d’augmenter le renoncement aux soins et de dégrader l’état de santé des populations concernées », précise-t-il également. Le rapport des inspections soulignait également que l’AME n’est pas un outil de politique migratoire.
Ne pas créer de zones de fragilité
Le CNGE met aussi en avant le fait que l’état de santé des primo-arrivants est préoccupant. « Les soins primaires sont un rempart contre l’exclusion, la détérioration de l’état de santé, et la mise en danger des populations vulnérables. L’AME n’est pas la seule solution, mais sa disparition rendrait ce rempart impossible à tenir », estime-t-il.
Le Collège s’appuie également sur l’OMS qui en 2019 décrivait comme grande menace pour la santé des soins de santé primaires insuffisants, « le système de soins devrait offrir des soins communautaires complets à un prix abordable tout au long de l’existence ».
« Le CNGE appelle à ne pas créer de zones de fragilité en France et à penser les soins de santé primaires comme une force pouvant répondre aux besoins de santé des populations, de toutes les populations. »
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