C'était un jour d'avril 2002, à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle. Dans les salons de l'Élysée, Jacques Chirac, candidat à sa succession, reçoit Le Généraliste. Le candidat a accepté le principe d'un entretien au cours duquel il répondra aux questions de sept médecins de famille.
Le climat social est alors très tendu. Les médecins libéraux sont engagés depuis plusieurs mois dans un bras de fer avec l'Assurance maladie pour la revalorisation de la consultation et de la visite.
Le C à 20 euros au programme
Lors de cet entretien, Jacques Chirac, tente de renouer avec le corps médical qui l'a largement soutenu en 1995 mais a déchanté avec le plan Juppé. Il assure avoir tourné la page de la maîtrise comptable. Et apporte son soutien aux revendications tarifaires, ayant inscrit le C à 20 euros dans son programme. « Je crois qu'il faut défendre et consolider notre médecine à la française, qui concilie liberté de choix, pratique libérale et financement socialisé, cela passe par une remise à niveau des conditions d'exercice, affirme-t-il. C'est pour toutes ces raisons qu'il faut défendre et valoriser la médecine générale [...] Le passage du C à 20 euros et la mise en place des instruments de bonnes pratiques professionnelles sont deux évolutions indispensables. »
Quelques semaines plus tard, une fois Jacques Chirac réélu, les confédérations et syndicats de médecins obtiennent le passage du C à 20 euros... et du V à 30 euros.
Cet échange est également très éclairant sur l'ambition affichée par les pouvoirs publics, déjà à l'époque, de diversifier la rémunération. S'il se dit « attaché au paiement à l'acte », il évoque les rémunérations forfaitaires pour certaines activités et la volonté de renforcer les instruments de bonne pratique, qui ont depuis, gagné du terrain, comme l'illustrent les nombreux forfaits en place parmi lesquels la ROSP.
Le spectre de la désertification médicale, déjà
Le chef de l'État évoque aussi l'enjeu de prendre à bras-le-corps la question de la démographie médicale. « À défaut, notre système de soins risque, dans beaucoup de régions, de basculer dans le cercle vicieux de la pénurie des médecins de famille, qui conduit à une augmentation excessive de leur charge de travail, qui conduit elle-même au départ de médecins des zones les plus défavorisées », prédit le chef du RPR, qui n'avait pas prévu les effets désastreux du MICA (mécanisme d'incitation de cessation d'activité) mis en place en 1997.
Pendant cet entretien, Jacques Chirac annonce la mise en place des ARS et fait parler sa fibre sociale ; il veut faciliter l'accès à une couverture maladie complémentaire après avoir mis en place la CMU.
À l'heure où le secteur médical est de plus en plus investi par des acteurs privés, dans le secteur numérique surtout, Jacques Chirac défend une conception tout autre : « La santé n'est pas une marchandise et le médecin n'est pas et ne sera jamais un prestataire de services », répond-il à un généraliste strasbourgeois.
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