L'industrie pharma fait acte de résilience. Après une LFSS (loi de financement de la Sécurité sociale) 2023 à l'automne qualifiée de confiscatoire par Thierry Hulot, président du Leem, lors de la cérémonie des vœux le 17 janvier dernier, le printemps devrait changer la donne. Cet espoir repose sur les réponses qui seront proposées par la mission interministérielle sur le médicament annoncée à la fin de l'année 2022 par Élisabeth Borne. Le Leem attend notamment la mise en place d'un budget médicament réaliste qui prendrait en compte trois tendances de fond, le vieillissement de la population, l'augmentation du nombre de maladies chroniques et les innovations thérapeutiques. Mais aussi la nomination d'un haut-commissaire au médicament. À ce stade, le constat serait pourtant accablant : « La France est redevenue illisible et imprévisible », juge Corinne Blachier-Poisson présidente d'Amgen France. « Nous avons perdu notre rang de grande puissance du médicament », estime Philippe de Pougnadoresse, directeur général d'Ipsen France. La faute « à une approche purement comptable et court-termiste de la politique du médicament », diagnostique Thierry Hulot. Au-delà du gouvernement, l'Etat profond, selon le mot d'Emmanuel Macron est également mis en cause avec le CEPS « qui s'écarte tous les jours de l'accord-cadre. C'est inacceptable », condamne Thierry Hulot. Manifestation de mauvaise humeur, dans l'attente des décisions gouvernementales, le Leem n'entend pas débuter le cycle des négociations avec le CEPS afin de préparer le texte d'un nouvel accord-cadre programmé en mars 2024.
Pertes de chances pour les patients
Enfin, l'industrie pharma entend illustrer les pertes de chances pour les patients français qui ne bénéficieraient pas de toutes les innovations thérapeutiques pourtant disponibles dans d'autres pays européens. Afin de l'illustrer par l'exemple, le Leem se dote d'un baromètre qui sera publié chaque trimestre. Il sera alimenté par ses adhérents, sous la responsabilité du cabinet Roland Berger. Et aura vocation à pointer la disponibilité des innovations en France et à l'étranger. Seront aussi notifiées les ruptures d'approvisionnement. On se doute que les résultats ne seront guère favorables pour l'Hexagone. En cause une nouvelle fois les prix bas pratiqués en France. L’effet serait dissuasif à la fois sur l'incitation à investir dans les territoires mais aussi en matière d'arbitrage en cas de tension d'approvisionnement. D'autres pays qui pratiquent des tarifs plus élevés sont systématiquement privilégiés. À la fin se pose la question du maintien d'une production hexagonale. Et Thierry Hulot de citer l'exemple évoqué à plusieurs reprises du soluté de bicarbonate de sodium. Le tarif d'un demi-litre est fixé à 1,40 euro. En 2014, la marge s'élevait à 14 centimes. En 2023, le profit est depuis longtemps oublié. Et la perte s'établit à 17 centimes. Le fabricant peut-il encore longtemps continuer son activité ? D'autres pays ont opté pour des solutions radicales. L'Allemaqne fait cavalier seul en annonçant son intention d'augmenter de 50 % le prix de certains médicaments matures à risque de tension. Ce dossier devrait également être abordé lors du « paquet pharma » présenté le 14 mars prochain par la Commission européenne. Selon le média en ligne Contexte, des obligations d'approvisionnement plus strictes sont envisagées. Pour la France, le Leem entend présenter ses propositions à la fin du mois de mars. À suivre.
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