Le processus de mondialisation est-il allé trop loin y compris en matière de production pharmaceutique ? En interpellant les pouvoirs publics sur la question de la pénurie des médicaments, le Leem pointe la dépendance de l'Europe sur la question des principes actifs. 80 % sont produits hors de l'Union européenne, surtout en Asie. Ce pourcentage s'élevait à 30 % il y a trente ans. À ce jour, il n'existe pas même de cartes répertoriant les sites de production de principes actifs en Europe. Certes, la France ne peut résoudre seule le problème. « Le problème doit être traité au niveau européen, précise Philippe Lamoureux, directeur général du Leem, avec l'instauration de crédits d'impôts par exemple. » Pour autant, l'accent ne doit pas être mis sur la qualité mais les normes, les contrôles par exemple, sans parler de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) qui différent d'un pays à l'autre.
12,8 heures par semaine dédiées à la pénurie par hôpital
Au final, l'hôpital est l'une des principales victimes des pénuries de médicaments qui génèrent un coût important. Selon un sondage réalisé en 2013 auprès des pharmaciens hospitaliers européens, les équipes consacrent 12,8 heures hebdomadaires à la gestion de ces crises. 4 heures sont ainsi dédiées à l'identification et à l'achat des alternatives thérapeutiques, 2,2 heures au suivi des ruptures, 2 heures aux modifications de stock, 2 heures de discussion avec les médecins, 1,6 heure à la mise au point de protocoles adaptés et 1 heure à l'information du personnel soignant. Parmi les causes mises en amont pour expliquer cette plus grande fragilité de l'hôpital, on cite le recours plus fréquent des formes injectables. Pour réduire à l'avenir ce temps qui devrait être déployé pour d'autres missions, le Leem suggère une modification des modalités d'appel d'offres hospitalières. Par exemple, un fournisseur unique ne serait plus retenu. Mais plusieurs producteurs seraient in fine sélectionnés. Les volumes attendus seraient précisés. Enfin, le Leem encourage les appels d'offres régionaux.
Prix des médicaments trop faibles en France
En ville, le prix faible de certains médicaments dans l'Hexagone comparé à ceux de voisins européens participe à l'augmentation des épisodes de pénurie. Le prix d'une ampoule injectable d'amoxicilline-acide clavulanique est de 4,34 euros en France et de 7,67 euros en Allemagne. D'où le développement d'exportations parallèles, légales dans l'espace européen selon le principe de la libre circulation des biens. Certains grossistes-répartiteurs appelés short-liners se sont même spécialisés dans la distribution des médicaments entre les pays de l'Union. En 2015, le marché du commerce parallèle européen de médicaments était estimé à 5,4 milliards d'euros. Afin de réduire leur marge de manœuvre, le Leem propose « une révision des prix des médicaments en ville », traduction une augmentation des prix.
Nouveau répertoire de médicaments ?
Mais avant cette négociation avec le CEPS, la première étape repose sur l'élaboration d'une liste de médicaments d'intérêt sanitaire et stratégique (MISS) en concertation avec les agences de régulation et les sociétés savantes. Pourquoi procéder à la mise au point de ce nouveau répertoire ? Tout simplement parce qu'avec la loi de santé 2016, une définition très (trop) large a été retenue. « Elle concerne 40 % de la pharmacopée », précise Thomas Borel, directeur des affaires scientifiques du Leem. Aussi le Leem propose de retenir seulement les médicaments « pour lesquels une rupture entraîne un risque vital et immédiat pour les patients souffrant d'une pathologie grave, en l'absence d'alternative thérapeutique recommandée par les autorités dans cette indication ». Un long travail commence. En attendant, les pénuries, produites par des causes multiples, et observées dans tous les pays, y compris aux États-Unis, devraient continuer.
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