Le parti socialiste a lancé l'appel aux manifestations. Il a été suivi par tous les partis politiques, sauf le RN, Debout la France et la France insoumise. Sur la lutte contre l'antisémitisme s'est donc constitué un bloc nouveau rassemblant à peu près tout ce que compte la France de démocrates. Emmanuel Macron pourrait dire que les progressistes s'opposent aux nationalistes s'il ne savait déjà que l'unité d'un jour ne durera pas. Il ne la retrouvera pas en tout cas pour les élections européennes où les listes françaises seront très nombreuses ; certains partis comme le PS, LR ou EELV, auront beaucoup de mal à franchir la barre des 10 % de l'électorat.
La tension engendrée par la crise sociale et ses déroutantes conséquences ne favorise guère une campagne apaisée. Les oppositions, diverses et multiples, espèrent tirer leur épingle d'une bataille vers laquelle le parti majoritaire part affaibli, du moins en apparence. D'une part, le grand débat national, dont on peut contester l'utilité, a plu à ceux qui ont pu s'y exprimer. D'autre part, la crise a ramené une partie de l'opinion, soudain inquiète pour l'avenir immédiat, vers le pouvoir. La légitimité des revendications de ceux qui sont parmi les plus mal lotis en France n'est pas discutable. En revanche, la persistance de l'agitation et de la violence, le jugement de certains Français exaspérés qui continuent à penser que le pouvoir n'a rien accordé aux gilets jaunes (alors qu'il a augmenté la dépense publique de quelque 12 milliards), le risque très présent d'une manipulation des suffrages par les fausses nouvelles et par les mensonges que véhiculent les réseaux sociaux, le dépit de ceux qui veulent travailler mais en sont empêchés, tous ces facteurs diminuent les chances de la République en marche, associée au MoDem, de gagner les élections européennes.
Le risque, c'est la victoire du RN
Rien, dans l'action des gilets jaunes, n'est soutenu par des exigences cohérentes. La litanie des manifestations du samedi ne leur a servi qu'à surenchérir. Chaque semaine, ils demandent plus, convaincus qu'ils sont qu'ils n'obtiendront rien dans de telles conditions. Leur seul objectif est de mettre le pays à genoux et ils risquent d'y parvenir, parce que la coalition des gens raisonnables n'a pas eu lieu, parce que le soutien désormais minoritaire de l'opinion reste quand même important, et parce que certains partis d'opposition veulent se venger de la victoire de Macron en 2017. Mais ces partis ne disposent pas des forces requises pour l'emporter. Le scrutin européen ne fera que confirmer l'affaiblissement de LR, du PS et des écologistes. Les divisions qui fragmentent les « progressistes » diminueront, à n'en pas douter, le score de la République en marche. Elles augmenteront en même temps le résultat qu'obtiendra le Rassemblement national.
Dans ces conditions, et alors que pèse sur le pays la menace de la décomposition politique, on ne voit pas pourquoi il n'est pas admis, y compris dans une partie des oppositions, celles qui servent l'intérêt général, qu'il serait préférable, pour écarter cette menace, de s'allier, d'une manière ou d'une autre, à la majorité actuelle. C'est d'autant plus souhaitable que nombre d'électeurs de LR, du centre ou des écologistes seront tentés individuellement de se dresser contre le danger et de voter pour la REM. Il faudrait donc que ces partis reconnaissent que Macron n'est pas le diable, qu'il a un projet, que ce projet est contrarié, non par des forces qui ont conçu un projet alternatif, mais par des gens qui veulent la chute de la Ve République. Certes, ce n'est pas la vocation d'un Laurent Wauquiez, d'un Jean-Christophe Lagarde ou d'un Yannick Jadot de rejoindre séance tenante un parti majoritaire qu'ils combattent. Pourtant, aucun républicain ne devrait accepter de favoriser le succès du Rassemblement national.
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