L'objectif est annoncé depuis plusieurs mois : 4 000 maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) en 2027. Une augmentation qui permettrait à 260 000 patients supplémentaires de voir un médecin généraliste. L'enveloppe pour y arriver est de 50 millions d'euros, dont 45 pour « l’accompagnement des projets immobiliers de près de 150 maisons de santé pluriprofessionnelles, complétés par des cofinancements des collectivités territoriales et des partenaires locaux ». Soit 15 millions par an sur trois ans. Sur le reste, comment le gouvernement compte-t-il s’y prendre pour y arriver ?
En premier lieu, détaille-t-il dans son plan d’action publié le 12 juin, en donnant « de la visibilité et susciter l’envie pour l’exercice coordonné auprès des futurs professionnels de santé ». Ainsi, le service sanitaire des étudiants en santé sera développé. Chaque année, 47 000 étudiants y participent pendant six semaines. Le gouvernement souhaite ainsi faire des MSP des lieux d’affectation « intéressants pour découvrir l’exercice coordonné et monter des projets autour de la prévention et de l’accès à la santé, en pluriprofessionnalité. »
De plus, un séminaire de formation commun à tous les étudiants en santé (médecins, infirmiers, pharmaciens, sages-femmes, masseurs-kinésithérapeutes, etc.) et à la réalisation d’un projet collectif en MSP sera proposé dans chaque département. Enfin, les MSP seront reconnues comme lieux de stage et de découverte de l’exercice pluripro en tant que structure, pour favoriser l’accueil des étudiants en santé.
Des « accélérateurs MSP »
Concluant que « le montage d’une MSP peut constituer une phase complexe et chronophage pour des professionnels de santé disposant de peu de temps », le gouvernement va proposer une offre de service « clés en main », avec le financement d’un coordinateur dès le début du projet. Deux millions d’euros par an seront consacrés à cette mesure, précise le document. Sera également mis en place un accélérateur de MSP, porté par la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam), dédié aux porteurs de projet, « afin de répondre à leurs besoins d’accompagnement méthodologique et à leurs interrogations ».
Le gouvernement souhaite aussi que les « MSP matures » deviennent des « MSP tête de pont » et « qu’elles mettent à profit leur expérience et qu’elles proposent un accompagnement dédié à des professionnels de santé exerçant à proximité : mise à disposition de temps de coordination, consultations avancées, facilitation par les pairs, etc. » Enfin l’offre d’accompagnement de la puissance publique sera adaptée et renforcée pour mieux articuler leurs actions.
Développer le salariat
Les mutations des MSP seront également encouragées avec différents leviers. Une incitation financière « à la mise en place de protocoles de coopération au sein des MSP pour favoriser le partage de tâches entre professionnels de santé ». Mais aussi « le développement du salariat en société interprofessionnelle de soins ambulatoires (Sisa), organe juridique portant les MSP, pour favoriser l’exercice mixte des professionnels de santé et renforcer l’attractivité des MSP » ou la possibilité pour la MSP « d’employer, au nom de l’ensemble des professionnels, un assistant médical ou une infirmière de pratique avancée ».
Un observatoire de l’exercice coordonné sera créé pour suivre la réalisation des politiques publiques mises en œuvre par les MSP.
Du changement dans les statuts des Sisa
Le gouvernement veut aussi prévenir les risques et soutenir les structures en difficulté, avec des leviers de soutien ad hoc (financiers, ateliers d’accompagnement etc.). Le statut des Sisa va également évoluer pour « permettre de limiter la responsabilité financière des professionnels associés à leur seul apport professionnel dans la société pour réduire les risques et attirer plus de professionnels ».
Autre évolution : une MSP pourra exister avec un seul médecin « pendant une durée limitée à 3 ans », contre 1 an actuellement. Elle devra en revanche compter un minimum de deux paramédicaux associés. L'idée est de permettre aux structures de faire face aux départs de professionnels et de leur laisser le temps de permettre l’installation d’un autre médecin.
En chiffres
• 2 251 MSP sont déjà en fonctionnement (au 31 décembre 2022) et 300 en projet
• Un médecin exerçant en MSP voit plus de patients qu’un médecin en exercice isolé : une MSP ce sont en moyenne 600 patients de plus vus chaque année
• 32 000 professionnels de santé travaillaient en 2022 au sein d’une MSP conventionnée
• 8,9 millions de patients déclarent un médecin traitant exerçant au sein d’une MSP (chiffres 2022)
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