Il est impossible de dire si le 16 mars a été la fin du mouvement ou le début d'une nouvelle méthode de protestation. Plus les gilets et leurs complices se livrent à des exactions et plus ils perdent leur légitimité. Ils ont même donné au pouvoir l'occasion politique de les combattre plus efficacement par la force, grâce à la nouvelle loi anti-casseurs et aux dispositions adoptées lundi dernier par le gouvernement. Mais il ne faut pas croire non plus que le mouvement va se consumer de l'intérieur et mourir de sa propre violence. Il compte encore des milliers de militants qui haïssent l'ordre, méprisent la Constitution et sont prêts à aller jusqu'au bout de leur démarche. Ils l'ont dit : ils veulent que le président démissionne et qu'une Assemblée constituante rédige une autre loi fondamentale. On est très loin des revendications sociales du mois de novembre dernier et de la réponse budgétaire qui leur a été donnée. Les policiers disent que la réponse à une crise politique doit être politique. Mais, en l'occurrence, elle ne peut pas l'être, sinon, l'incendie du Fouquet's suffirait à détruire la République.
Bien entendu, la situation est insupportable. Pratiquement, le chef de l'Etat ne peut pas s'offrir, après-demain, le luxe d'une nouvelle mise à sac à Paris ou ailleurs. Sa démarche est toute contenue dans de nouvelles mesures de sécurité. C'est à peu près ce que les Républicains ont réclamé à cor et à cri depuis quatre mois. Sécurité signifie répression, arrestations tous azimuts, gardes à vue plus nombreuses, le tout très ferme et peut-être moins respectueux du droit. Il s'agit donc d'un instrument particulièrement délicat à utiliser, surtout après les diverses polémiques déclenchées par les méthodes de la police en milieu urbain. Mais les Républicains seraient eux-mêmes plus prudents s'ils étaient au pouvoir. L'opinion publique est versatile : elle réclame de l'ordre, bien qu'elle ait soutenu les gilets jaunes, malgré la casse et des revendications excessives. Une bavure policière, dans ce contexte incendiaire, suffirait à déclencher une révolution.
Une occupation à plein temps
Voilà pourquoi on ne peut pas considérer comme acquis le retour à l'ordre, la fin de cette distraction malsaine qu'a été le mouvement des gilets jaunes et le redémarrage des réformes. Le pays doit faire face à plusieurs crises, intérieure et extérieures, mais l'affaire des gilets a pratiquement occupé tout le temps du gouvernement au détriment de tâches importantes. On peut certes calculer leurs dégâts en millions d'euros, de même qu'on peut mesurer l'impact de cette crise sur l'économie française, mais il devient urgent de reprendre, en quelque sorte, le cours des choses. Lundi, dans « le Monde » François Bayrou se plaignait de ce que M. Macron, plein de fougue pendant la campagne de 2017, ait quelque peu oublié ses promesses. Comme s'il était facile de poursuivre les réformes dans un pays régulièrement dévasté par des manifestants.
Il faut d'autant moins minimiser la capacité de nuisance des gilets jaunes qu'en un jour, ils ont réactivé les braises d'un feu qui se mourait. Il n'est donc pas impossible qu'ils aient une influence sur les élections européennes, scrutin dont l'enjeu est cette année important. M. Macron, qui espérait étourdir les gilets dans le fracas du grand débat national, a été brutalement rappelé aux plus sombres aspects de ses responsabilités. Pour gouverner, il faut un peu de calme. Les gilets jaunes ont conçu leur action comme un moyen de bloquer toute la société, de lui empoisonner l'existence, de la contraindre à les satisfaire. Depuis le début de l'affaire, c'est un coup d'Etat qu'espèrent les gilets jaunes. Et ce n'est pas parce que le pouvoir ne peut pas le leur offrir qu'ils changeront d'avis.
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