Les pharmaciens d'officine seront-ils bientôt habilités à délivrer certains médicaments à la place du généraliste ? L'examen du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) se poursuit en commission des affaires sociales et un amendement fait particulièrement débat chez les praticiens. La député de la première circonscription des Alpes-de-Haute-Provence, Delphine Bagarry (En marche), médecin généraliste de formation, propose d'expérimenter la délivrance de certains médicaments habituellement délivrés sur ordonnance du médecin directement par le pharmacien, « à l'instar de ce qui a été fait pour la vaccination anti-grippale ».
Le texte propose d'expérimenter à partir du 1er janvier 2019 et pour 3 ans, dans deux régions « la dispensation, par les pharmacies d’officine, de certains médicaments à prescription médicale obligatoire dans le cadre d’un protocole médical et de coopération conclus avec le médecin traitant et les communautés de santé des structures d’exercice coordonnées ». La député se base sur ce qui se fait déjà en Suisse, où les pharmaciens peuvent délivrer directement des traitements pour la cystite, la conjonctivite ou encore l'eczéma. Le rapporteur du PLFSS le député Olivier Véran (En marche) a sans surprise donné un avis favorable à cet amendement en commission et le texte a été adopté. Il doit maintenant être examiné à l'Assemblée à partir de lundi.
Les médecins opposés à la mesure
Pour les syndicats de médecins libéraux, déjà opposés à l'époque à l'expérimentation de la vaccination anti-grippale en pharmacie, l'adoption de ce texte n'est pas une bonne nouvelle. « Il s’agit là d’une remise en cause complète des contours de métier, cela revient à donner au pharmacien la responsabilité d’un diagnostic médical et d’une prescription de médicaments habituellement prescrits par le médecin », dénonce le président de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz. Et d'ajouter : « Remettre en cause les contours de chaque métier sous le prétexte de la coopération est de nature à engendrer des dysfonctionnements et des problèmes graves dans la prise en charge des patients. »
Le patron de la FMF, le généraliste Dr Jean-Paul Hamon, n'accueille pas non plus cet amendement à bras ouverts. « La FMF a toujours défendu les pharmaciens d’officine mais s’est toujours opposée à ce que les pharmaciens changent de métier sous prétexte de sauver un exercice en péril ». Le syndicaliste estime que pour retrouver du temps médical les médecins « n’ont pas besoin que les pharmaciens viennent faire leur travail mais de secrétaires qui gèrent efficacement des tâches administratives toujours plus nombreuses »
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