12 % de gain d’efficacité par an, c’est la performance du système de santé danois ces dernières années, selon Anne Smetana (Healthcare Danemark)*. Dans ce petit pays composé d’îles de cinq millions d’habitants seulement, le terme « hôpital du futur » n’est pas un mot creux. Sans aucunement réduire la qualité des soins ni la satisfaction des patients, son système de santé réussit à se restructurer. La situation du Danemark est similaire à la France quant au vieillissement de la population et à la hausse du nombre de patients en ALD (ce chiffre est passé de 2009 à 2014 de 177 à 199 pour 1000 personnes). Son pourcentage du PIB dédié à la santé est même moindre que celui de la France, soit 9 % versus plus de 11 % en France.
Des hôpitaux à moderniser absolument
La plupart de ses établissements hospitaliers avaient été construits dans les années 70. Neuf actes médicaux sur dix sont traités par le médecin généraliste. Et 30 % du budget de la santé se concentre sur 1 % des patients. Quels sont alors les clefs de cette réussite ? La transformation du système de santé a été accompagnée par une volonté forte des pouvoirs publics qui l’ont couplée à une réorganisation territoriale et un regroupement des municipalités en agglomérations plus importantes (de l’ordre de 50 000 habitants au minimum).
5,6 milliards d'euros sur la table
Cette exigence de restructuration a été financée par le gouvernement à hauteur de 5,6 milliards d’euros, soit 60 % du total, le reste l’étant par les cinq régions et des partenariats public-privé. Les contreparties exigées pour bâtir cette nouvelle infrastructure hospitalière sont la baisse drastique du nombre d’hôpitaux (de 98, ils sont passés à 40 actuellement et ne seront plus que 21 à moyen terme). Ceux-ci sont appelés à devenir plus grands, plus puissants et à disposer de bâtiments et d’équipements à la pointe de la technologie et du développement durable. Leur gain d’efficacité escompté est de 88 %.
Baisse continue du nombre de lits
Les acteurs de ce changement misent sur des innovations comportementales et technologiques à tous les étages : début du traitement dès la prise en charge dans l’ambulance, précocité du diagnostic, plan d’action pour la démence. Le nombre de lits est également en constante diminution. Ceux-ci sont réservés aux cas graves. Les patients sont renvoyés assez rapidement à leur domicile, et de préférence traités en ambulatoire. La qualité des soins ne baisse pas pour autant : le nombre de professionnels de santé (médecins et infirmières notamment) reste l’un des plus importants d’Europe. Et dans ces nouveaux hôpitaux, les patients accueillis ont le « privilège » de ne pas avoir de voisins afin de bénéficier de plus de calme pour guérir. « L’hôpital n’est pas devenu une usine, insiste Anne Smetana, mais l’utilisation des ressources de soins est optimisée au maximum. » En témoignent l’accélération du diagnostic via des robots logistiques, la localisation et le suivi des patients au sein du parcours de soins, le traçage des vêtements des hospitaliers via une solution RFID…
Les personnels hospitaliers formés à l'outil informatique
L’innovation n’est pas que technologique, elle est aussi organisationnelle. Des groupes médicaux de grande taille sont créés au sein des villes afin d’éviter le plus possible les hospitalisations. Des maisons de santé sont associées in situ aux centres de rééducation. Les personnels hospitaliers reçoivent une formation permanente en outils informatiques. La communication électronique a été facilitée via la mise en place de normes informatiques communes. Bref, l’ensemble du système de santé danois repose sur une vue globale du système qui mise à la fois sur la qualité et sur l’équilibre budgétaire. Même le lean management y est de moins en moins pratiqué, selon Anne Smetana. Le Danemark, un exemple à suivre pour la France ?
*La transformation du système de santé danois, quel rôle pour l’hôpital du futur ? Paris Healthcare Week, le 16 mai 2017.
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