L’été approchant à grands pas, et avec lui la fin d’une période dense pour les professionnels de santé, l’Ordre des médecins a souhaité dresser un bilan du semestre écoulé et dévoiler les orientations qu’il prendrait d’ici 2016. Organisée jeudi matin, cette rencontre avec la presse a donc permis de balayer les différents sujets sur lesquels l’Ordre s’est investi ces derniers temps. Une façon pour Patrick Bouet, son président, de souligner le travail accompli depuis son élection en 2013 pour que l’institution retrouve « sa place dans le dialogue sur l’organisation de la profession, de façon indépendante, sans prêter allégeance à aucun pouvoir ». Et joue, pleinement, sa mission de garant et de régulation de la profession.
Comme s’il fallait joindre l’acte à la parole, le Président de l’Ordre a d’ailleurs annoncé le dépôt d’une plainte, par le Conseil national, à l’encontre du professeur Joyeux. « Ses propos sont non-conformes aux obligations déontologiques », souligne Patrick Bouet pour justifier cette « action déterminée ». Cette action disciplinaire se fonde, précise-t-il, sur « la tenue de propos non appuyés sur des bases scientifiques et un discours qui peut être dangereux pour la population ». Le Président de l’Ordre ajoute que l’institution « prendra tous les moyens afin qu’elle prospère » auprès de la Chambre du Languedoc-Roussillon, compétente en 1re instance. Et affirme, d’ores et déjà, que si le jugement n’était pas conforme aux attentes de l’Ordre, celui-ci n’hésiterait pas à faire appel.
Loi Touraine et Conférence de santé seront les rendez-vous majeurs de la rentrée. Mais ces deux échéances n’ont, dans l’esprit de Patrick Bouet, d’intérêt que dans la mesure où elles doivent permettre de préparer l’avenir du système de soins français. Car le Président de l’Ordre en est sûr, la loi actuellement examinée par la Commission des affaires sociales du Sénat n’est pas à même de répondre aux enjeux sanitaires à moyen terme. Sans compter qu’elle porte, à ses yeux, les germes d’une sur-administration du système de laquelle les professionnels seraient tenus à l’écart. Poursuivant son travail auprès des parlementaires pour les informer des risques que ferait encourir cette réforme, il craint qu’ « on ait à reparler, en 2020, d’un nouveau texte car celui-ci n’aura pas été plus une solution que la loi HPST ».
Bien qu’il regrette le calendrier, Patrick Bouet se satisfait de la tenue de la Conférence nationale de Santé. À ses yeux, celle-ci peut faire office de base de réflexion pour une prochaine loi. Le Président de l’Ordre précise toutefois que son institution « va participer à cette Conférence mais sans illusion » car, organisée sur deux jours, cela lui paraît « très loin d’être suffisant pour réorganiser le système de santé ». Il n’en reste pas moins que « l’Ordre prendra à bras-le-corps la préparation » du rendez-vous, organisant de son propre côté, en marge de la préparation orchestrée par le gouvernement, la phase préparatoire. Une façon de garantir sa liberté de parole et de propositions. En ce sens, l’Ordre entend agir sur quatre plans, à compter de septembre. Une « grande concertation nationale » sera lancée à l’intention des médecins qui, en région, seront sollicités par les Conseils pour recueillir leurs préoccupations. Au niveau national, l’Ordre prévoit d’envoyer un questionnaire auprès de 180 000 professionnels. Par ailleurs, il souhaite sonder les usagers du système de santé, partant du principe qu’ils constituent « un miroir des attentes de la profession ». Enfin, une soixantaine d’acteurs de la santé, du domaine de la formation aux parlementaires en passant par les institutionnels et les représentants syndicaux, seront consultés à l’occasion de dix réunions.
C’est une « projection ambitieuse dans la préparation de la Conférence de Santé » dont a fait part l’Ordre, selon son propre aveu. Une action dont l’ampleur est la première pour l’institution et qui, rappelle Patrick Bouet, constitue « un pas important dans la prise en charge de l’organisation de la profession dans le cadre de ses missions ordinales ». « Nous agissons pour devenir indispensable », a ajouté le Président. Tout un programme pour une future campagne ordinale ?
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