Car, de deux choses, l'une : ou bien le chef de l'Etat se contente d'amuser la galerie et n'entend pas tenir compte du million de doléances que le peuple dépose à ses pieds, ce dont on l'accuse déjà sans autre forme de procès ; ou bien, il est décidé à donner une suite à ces exigences et, dans ce cas, il renonce à guérir le pays des scléroses dont il souffre. Accepter un ou plusieurs référendums, c'est sûrement mettre en jeu la stabilité politique qu'assure la Constitution. Adopter un degré élevé de proportionnelle, c'est créer une Assemblée fractionnée et donc incapable de se prononcer sur les prochaines lois. Diminuer les impôts ou augmenter les prestations sans réduire la dépense publique, c'est courir vers la faillite. Renforcer les oppositions par les consultations répétées de la démocratie directe, c'est renoncer à nos engagements européens, financiers, économiques et commerciaux.
M. Macron accepte, par les termes de sa longue lettre aux Français, de faire la politique schizophrène que lui réclameront des citoyens qui n'ont en commun que leur nationalité mais aucune affinité idéologique, ni même culturelle. C'est aussi, mais personne n'ose le dire, donner une prime à la spontanéité des revendications, dont le contenu ne sera pas nécessairement dicté par une bonne compréhension des mécanismes qui gouvernent une économie de marché. C'est, après la dénonciation fracassante des élites, des énarques, des citadins qui auraient réduit les ruraux à « l'esclavage », se mettre au service d'un camp dont la violence a garanti le succès mais qui craint comme la peste toute forme d'organisation politique, un peu comme si l'anarchie désastreuse des samedis parisiens devait trouver son juste prolongement, l'immobilisme résultant de signaux qui se contredisent.
Sans une presse libre, pas de démocratie
On ne fait pas un Etat sans base juridique, sans scrutin, sans rendez-vous électoraux. Les meilleures démocraties se sont toujours méfiées de la dérive autoritaire des élus, mais aussi de la furia des électeurs. Au début du mouvement des gilets jaunes, le politiquement correct a fait des ravages dans nos esprits ; il fallait en premier lieu prendre en compte la souffrance d'un peuple auquel l'Etat redistribue pourtant 750 milliards d'euros par an. Le lyrisme a vite pris le pas sur le raisonnement : on nous a cité les cas tragiques de ceux qui se lèvent tôt, s'épuisent dans les transports en commun, rentrent trop tard à la maison pour nous expliquer que, si nous échappons à cette condition, nous sommes forcément riches, puissants et privilégiés, comme si nous ne ne pouvions exciper de quelques états de service ou de faits d'armes qui ont jalonné notre existence. Et puis, nous avons assisté à des actes de violence parfaitement incompréhensibles, des professions de foi extirpées de l'antisémitisme ou de la xénophobie ou de l'intolérance courante. Nous avons vu des hommes et des femmes qui aggravaient leur propre sort en démolissant le cœur des villes. Qui se livraient joyeusement à la persécution des journalistes, agressés, battus, frappés, tabassés, signant ainsi leur propre disqualification : si la presse n'est pas libre et respectée, il n'y a pas de démocratie.
Je veux bien que cette rage, cette hargne, cette colère, comme on ne cesse de le répéter, résulte, au moins en partie, des provocations verbales auxquelles le chef de l'Etat n'a cessé de se livrer en dix-huit mois de mandat. Je veux bien qu'il ait fini par s'en rendre compte et commence à parler le langage de l'adversaire. Je sais aussi qui lui succèdera, ces acteurs du sectarisme, d'un autoritarisme infiniment plus contraignant que le sien, ces diffamateurs professionnels qui n'ont cessé de mentir sur les réseaux sociaux, ces Trump au petit pied qui peuplent la classe politique. Il est bien regrettable que Macron lui-même n'ait pas assez mesuré la dimension de ses responsabilités et ait pris des risques qui, aujourd'hui, se révèlent meurtriers. Mais nous avons tous le droit de préférer notre pays aux ambitions individuelles qui nous ont fait tant de mal et nous en font encore.
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