Molière aujourd’hui n’écrirait pas « le Médecin malgré lui » mais une satire de l’économie. Les médecins y apparaîtraient cette fois comme les victimes crédules d’économistes présentés à leur tour comme des charlatans. Molière nous ferait rire des termes obscurs et des certitudes des économistes visant à faire accepter aux médecins la limitation des dépenses de santé.
La monnaie est propice aux idées reçues et fausses. Or, les médecins ont intérêt à regarder en dehors de l’enclos à l’intérieur duquel est enfermée l’économie de la santé. Ils verraient que la lutte contre le risque de récession conduit à créer toujours plus d’argent. À tout bien considérer, il serait préférable pour les médecins que la monnaie créée soit distribuée directement aux patients plutôt que par des remboursements financés par la fameuse dette publique sociale. L’usage de la « monnaie hélicoptère » affranchirait les médecins de la bureaucratie budgétaire. La santé de la population et le niveau de vie des médecins se décident aujourd’hui à la Banque de France. Voici pourquoi...
Toute consultation remboursée est financée par la dette
La création monétaire finance déjà les dépenses de santé. Quand les budgets sociaux sont en déficit, il se crée une dette publique qui est financée par l’épargne et par la création monétaire. En France, la croissance des patrimoines privés et publics dépasse de beaucoup celle des dettes. Cet enrichissement n’aurait pas été possible sans la croissance des dépenses de santé et de solidarité financées à crédit. La France aurait quel visage sans le pouvoir d’achat des retraités, sans les professionnels de santé et sans les équipements publics ? Qui irait s’installer dans un pays à qui il n’est pas fait crédit ?
Nous vivons depuis 2013 une contradiction qui prépare l’avènement de la distribution d’argent aux particuliers. Les Etats européens baissent leurs dépenses tandis que la Banque Centrale s’oblige à augmenter d’autant la masse monétaire. L’objectif est de remplir les magasins de consommateurs. La Banque Centrale crée des euros en rachetant des grosses dettes d’États ou d’entreprises. Toute consultation chez le médecin, remboursée par la sécurité sociale et financée par la dette, devient une créance de banque centrale. La banque centrale européenne pourrait agir mieux autrement : en tant que particulier, vous êtes crédité sur votre compte bancaire d’un montant en euros. Vous dépensez votre argent librement, notamment en soins. La Banque centrale refinance votre banque du montant total crédité à votre compte. La Banque centrale crée à son bilan la catégorie des créances éternelles sur les particuliers. Il ne vous serait jamais demandé de rendre l’argent reçu.
Comment est-ce possible ? La solidité du système européen des banques centrales dépend de la confiance accordée à l’euro. Passer de la création sous forme de prêts à la distribution d’argent est neutre. L’important est d’injecter 20 à 60 milliards d’euros de plus dans l’économie européenne chaque mois.
La création de créances éternelles en contrepartie de la création de monnaie n’affecte pas non plus l’équilibre du bilan de la banque centrale. La composition des comptes d’un émetteur de monnaie résulte de conventions et non d’une loi de la science économique. Ces comptes ne sont pas la contrepartie de la masse monétaire. Ainsi, le bilan de la Banque de France additionne des créances sur les banques et son patrimoine immobilier. L’euro n’a pas été affecté, par le quadruplement soudain de la taille du bilan de la Banque centrale européenne.
Assouplir le carcan budgétaire et administratif que les médecins dénoncent
La politique monétaire ne saurait effacer les différences entre les richesses des nations ou des personnes. Mais la création monétaire peut pallier une absence de revenu ou compléter un salaire, un revenu immobilier ou une prestation de solidarité. La distribution d’argent est une réponse européenne à la paupérisation.
En conclusion, la création monétaire continue est nécessaire. Elle doit s’amplifier pour compenser l’attrition des dépenses publiques et du pouvoir d’achat. Mais, elle serait plus efficace sous forme de distribution d’argent. Les médecins ne doivent pas douter que l’économie n’est pas une science.
Quelques euros de plus dépensés par patient par mois assoupliraient le carcan budgétaire et administratif que les médecins dénoncent. La liberté de dépenses des patients offre aux médecins de reprendre le contrôle de la médecine. Les médecins gagneront en estime à promouvoir la « monnaie hélicoptère » et le rôle irremplaçable et bénéfique de la croissance des dépenses de santé.
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships