Après de violentes émeutes à Nouméa, qui ont commencé lundi 13 mai au moment où une réforme constitutionnelle (visant au dégel du corps électoral calédonien) arrivait en discussion à l’Assemblée nationale, la situation en Nouvelle-Calédonie a été jugée « insurrectionnelle » par le haut-commissaire de la République. L’état d’urgence y a été décrété mercredi, après une nuit d’affrontements entre indépendantistes manifestants et forces de l’ordre. En cinq jours, cinq personnes (trois civils et deux gendarmes) ont perdu la vie.
Dans ce contexte, un ordinal local (*) se désole d’une « crise inédite », pire que celle des années 1980. « Nous sommes dans une situation très violente, où l’on ne sait pas ce que recherchent les manifestants, où les appels au calme ne sont pas entendus et le couvre-feu pas respecté… Il y a un risque de basculer dans une guerre civile », détaille-t-il.
Les médecins réclament plus de sécurité
En date du 17 mai, rapporte ce médecin de Nouméa, actuellement en déplacement en métropole, onze cabinets ont été sinistrés, dont deux brûlés – l’un de quatre praticiens, l’autre de trois. Certains confrères ont été agressés « parce qu’ils pratiquent la médecine », s’offusque-t-il. L’un d’entre eux a été sorti de force de son cabinet par des manifestants afin de pouvoir brûler le lieu. « Les médecins ne vont pas bien : certains ne vont pas se réinstaller dans ces quartiers, d’autres vont changer de mode d’exercice et aller à l’hôpital plutôt qu’en ville », confie---il.
L’insécurité règne dans les rues de Nouméa, ville qui concentre la majorité de l’offre de soins : les médecins ne peuvent plus sortir de chez eux et ne savent donc pas dans quel état est leur lieu de travail. « D’autres demandent que l’on assure leur sécurité, que ce soit par une présence policière à l’entrée du cabinet ou une escorte jusqu’à l’hôpital », explique le médecin.
Le président de l’Ordre national, le Dr François Arnault, a d’ores et déjà assuré que le Cnom viendra au secours des médecins ayant subi des préjudices par un dispositif d’entraide financière, rapporte son confrère calédonien. Des pharmacies ont également été brûlées, dont le grossiste, détruisant la moitié du stock de médicaments de l’archipel, mettant en difficulté l’hôpital et l’Ehpad.
Téléconsultations recommandées
Pour l’heure, la recommandation est d’avoir recours à des téléconsultations, pour ne pas mettre en danger la vie des patients et des médecins. À date toujours, « un patient dialysé est mort, ainsi qu’un enfant in utero, tous deux pour un défaut de soins. C’est très triste, car cela ne correspond pas à ce qu’on vit tous les jours ici », regrette, ému, le praticien.
La présidente du syndicat des orthophonistes de Nouvelle-Calédonie, Marine Channaux, cloîtrée chez elle, déplore « des cabinets brûlés dans le quartier de Kaméré, à Nouméa, ainsi que dans ses alentours. » L’accès aux soins, dans une population assez âgée et avec des comorbidités, est de fait « très limité » et cela « va se détériorer », regrette-t-elle.
(*) Par peur de représailles, ce médecin a souhaité témoigner anonymement.
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