Obligation vaccinale : Touraine refilera la patate chaude à son successeur

Publié le 15/02/2017
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Crédit photo : GARO/PHANIE

Marisol Touraine annoncera dans "quelques petites semaines" si elle recommande d'augmenter le nombre de vaccins obligatoires en France. "Il y a aujourd'hui plusieurs options", qui font "l'objet d'expertises juridiques de la part de mes services", a déclaré la ministre lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

Mais, comme l'extension de l'obligation vaccinale nécessite le vote d'une loi, ce sera impossible avant la fin de l'actuelle législature, avait déjà souligné la ministre fin janvier. "J'annoncerai mes orientations (...) en proposant, puisqu'il est probable qu'un texte législatif sera nécessaire, (...) les éléments d'un dispositif législatif qu'il appartiendra évidemment à la prochaine assemblée de mettre en œuvre", a-t-elle de nouveau précisé mercredi.

Le temps presse pourtant. En décembre, le comité Fischer a recommandé de rendre "obligatoires" de façon temporaire jusqu'à onze vaccins, contre trois actuellement, pour remédier à la "baisse de la couverture vaccinale" liée à la "perte de confiance" des Français dans la vaccination. Et la semaine dernière, la décision du Conseil d’État obligeant à rendre disponible une injection ne contenant que les trois vaccins obligatoires (diphtérie, tétanos et poliomyélite, ou DTP) a relancé le débat sur l'opportunité d'étendre l'obligation à davantage de vaccins. Dans le même temps, on constate des difficultés d'approvisionnements sur certains vaccins dont ceux protégeant contre la coqueluche, mais aussi contre l'hépatite B. La Fédération nationale d'aide aux insuffisants rénaux (Fnair) a en effet alerté mercredi sur la "pénurie de vaccins contre l'hépatite B pour adultes et a écrit mercredi à la ministre de la Santé sur cette "situation inédite".

C'est dans ce contexte que plusieurs organisations médicales ont recommandé mercredi de passer de trois à six vaccins obligatoires. Selon ces seize sociétés savantes et deux syndicats de médecins, il s'agit de "la seule mesure actuellement envisageable" pour "protéger la population" tout en respectant la loi, puisqu'"il n'existe aujourd'hui aucun vaccin DTP disponible" sur le marché et qu'"une levée des obligations vaccinales" serait "dangereuse" en "exposant la population à un risque infectieux élevé". Parmi les signataires se trouvent la CSMF, ainsi que le Syndicat national des pédiatres français, la Société de pathologie infectieuse de langue française ou encore le Collectif national des sages-femmes de France.

De son côté, l'association E3M, qui dénonce "la dangerosité" des adjuvants comme l'aluminium utilisés dans certains vaccins, a annoncé avoir saisi l'Ordre des médecins pour que les médecins qui interviennent dans ce débat rendent publics leurs liens éventuels avec l'industrie pharmaceutique.


Source : lequotidiendumedecin.fr