Depuis le début de la semaine, la polémique enfle sur la proposition du RN d’« empêcher » des Français ayant une autre nationalité d’occuper « des emplois extrêmement sensibles » afin d’écarter les risques d’ingérences étrangères. Cette idée consisterait à réserver des postes « dans les secteurs notamment liés à la sécurité et à la défense exclusivement à des citoyens français », a développé lundi 24 juin le président du parti, Jordan Bardella. La concrétisation de cette réforme réclamerait selon lui « une loi organique et un décret » et concernerait « très, très peu de personnes », affirme-t-il. Jeudi 27 juin, le vice-président du RN, Sébastien Chenu, a précisé sur RMC-BFMTV que cette proposition s’appliquerait à « peut-être 50 emplois » « dans la sécurité et le renseignement ».
Même si le RN, voyant la controverse monter au fil des jours, a tenté de déminer le terrain en réduisant l’impact de sa proposition à quelques individus, le Dr Jérôme Marty a décidé de prendre la parole – en son nom propre, sans engager son syndicat – pour alerter sur le danger de voir une telle mesure d’interdiction appliquée au monde de la santé, en particulier à l’hôpital.
Le président de l’UFML-S a posté le 26 juin une vidéo sur X (ex-Twitter) qui met les pieds dans le plat. « Un médecin, c’est un poste sensible ? Interroge-t-il. Une infirmière, une cadre de santé, c’est un poste sensible? Une aide-soignante, c’est un poste sensible ? »
Le médecin généraliste de Fronton s’insurge contre ce « concept raciste », cette « idée dégueulasse » qui consiste à « classifier » les « Français de souche » et les « Français de papiers ». « Quand le RN dit que les binationaux ne pourraient pas exercer des fonctions sensibles, est-ce à dire qu’ils élimineraient aux binationaux la possibilité d’exercer [dans] le soin ? insiste-t-il. Rappelons que nos hôpitaux périphériques ne tiennent que grâce aux Padhue [les médecins à diplôme étranger hors Union européenne, NDLR], très présents, là pendant la Covid, là avant, là après, et dont la situation n’a toujours pas été régularisée. »
Déstabilisation du système hospitalier
Anticipant une éventuelle victoire du RN aux législatives, le Dr Marty prend clairement la défense des praticiens Padhue « indispensables aux soins et au système de santé ». Et il interpelle ses 38 000 abonnés sur l’avenir de ces médecins qui subissent souvent une situation statutaire précaire, voire se retrouvent dans l’illégalité. « Est-ce que vous imaginez une seule minute que le RN au pouvoir, ces consœurs et ces confrères qui n’ont jamais démérité pourraient régulariser leur situation ? Tout porte à croire que non, et on assisterait demain à une déstabilisation profonde de nos hôpitaux périphériques […]. » Et le généraliste de conclure avec gravité : « Ne détruisons pas notre système de santé par une vengeance personnelle contre les politiques menées par tel ou tel gouvernement pour sombrer dans l’extrémisme de droite. »
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