« Nous sommes dans un système anxiogène, sans visibilité. Nous ne voyons pas la sortie du tunnel », déplore Jean-Christophe Amarantinis, président du Syndicat national des établissements, résidences et services d'aide à domicile privés pour personnes âgées (Synerpa). Le secteur du grand âge connaît des difficultés sans précédent (« Nous vivons une situation inédite », dit-il) dans la gestion de ses entreprises et en termes de ressources humaines – que les structures soient publiques ou privées, associatives ou lucratives, de l'ordre des établissements ou du domicile.
Les chiffres sont édifiants. Alors que l'entrée en Ehpad est de plus en plus tardive – de l'ordre de 85 ans en moyenne avec un niveau de dépendance de plus en plus important – les taux d'occupation des établissements sont en baisse, passant de 93 % en 2019 à 88 % aujourd'hui. En cause notamment, la crise sanitaire et le livre enquête Les Fossoyeurs. Phénomène aggravant, le secteur a subi une inflation à 7,7 % en 2022, bien au-delà des budgets fléchés vers les établissements.
Les clignotants sont au rouge en matière de recrutements. La France comptera d'ici à 2050 plus de 10 millions de personnes de plus de 60 ans supplémentaires (soit 27 millions), ce qui nécessite de recruter et fidéliser plus de 350 000 agents. Le taux moyen d'encadrement par résident en France reste bas, à hauteur de 0,6 ETP (versus un par résident chez plusieurs de nos voisins européens). Pire, selon Jean-Christophe Amarantinis, « seulement 1 000 postes pérennes ont réellement pu être financés cette année à cause de dotations de soins insuffisantes ».
Flécher les crédits
Malgré ce tableau, le Synerpa salue l'augmentation de 4,6 % de l'Ondam du secteur des personnes âgées dans le PLFSS 2024, « à la condition que ces crédits soient effectivement fléchés en faveur du secteur ». Et sur le plan des RH, le Synerpa attend un choc d'attractivité, grâce à un accompagnement de 700 millions d'euros à la suite de l'accord de février 2023 révisant le système de classifications et de rémunérations.
Le Synerpa demande enfin l'extension de la majoration des heures de nuit et week-end aux soignants (paramédicaux) du secteur privé. « En cas de persistance de cette inégalité, on risque une vague de démissions à partir de janvier 2024 », anticipe Jean-Christophe Amarantinis. Il se félicite du moins du lancement d'une prochaine campagne de communication nationale sur les métiers du grand âge et de l'extension du fonds de soutien exceptionnel de 100 millions d'euros à tous les Ehpad et services à domicile.
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