L'exécutif a mis beaucoup de temps à comprendre que le mouvement n'était ni une jacquerie ni une émeute, mais une insurrection. Elle est certes conduite par une minorité, mais elle est encore soutenue par 44 % des Français, si l'on en croit les sondages, et elle menace clairement le fonctionnement des institutions. Or le calendrier du printemps est extraordaiairement chargé : samedis violents, réformes en jachère, élections européennes, crise entre l'Elysée et le Sénat, sans compter la méfiance qu'inspire le pouvoir à une majorité de nos concitoyens. La suite dépendra beaucoup des résultats du fameux débat national. Il a certes donné un peu d'oxygène au couple Macron-Philippe, mais les conclusions qu'en tireront les deux hommes risquent de ne pas satisfaire l'opinion française, d'autant que la réforme des retraites, loin d'apaiser nos concitoyens, pourrait bien les dresser à nouveau contre le pouvoir.
Il existe un certain nombre d'éléments qui permettent au gouvernement de montrer qu'il a entendu le message, par exemple la réforme constitutionnelle, qui exerce une séduction forte sur les Français, toutes tendances confondues, parce qu'elle aurait le mérite de réduire le nombre de députés et de sénateurs. La revanche du peuple sur ses représentants, en quelque sorte. Elle aurait également l'avantage d'amoindrir l'influence du Sénat après l'épisode plutôt funeste de la remise à la justice par le président du Sénat, Gérard Larcher, du dossier de l'affaire Benalla, où la commission sénatoriale des Lois implique trois collaborateurs de M. Macron à l'Elysée. La réforme institutionnelle serait donc la réponse du berger à la bergère.
Du projet de Macron à la politique qu'il fait
Mais l'exécutif, depuis qu'il a pris en grippe le Sénat, ne peut obtenir cette réforme qu'au moyen du référendum. Lequel ne peut avoir lieu que quelques mois au moins après les élections européennes. En tout état de cause, le différend entre l'Elysée et le Sénat n'intéresse pas les Français, qui réclament principalement des mesures en faveur du pouvoir d'achat et restent obsédés par les inégalités, imaginaires ou réelles, de la société française. En janvier dernier, le gouvernement a mis sur la table une douzaine de milliards qui ont eu un effet positif sur l'économie en augmentant la consommation. Cela n'a pas suffi pour que les gilets jaunes rentrent chez eux. Pourtant, Emmanuel Macron a creusé une large brèche dans son credo, en distribuant de l'argent qu'il n'avait pas. Une nouvelle hausse de la dépense publique mettrait en danger l'équilibre budgétaire de 2019, si ce n'est déjà fait. Il n'existe en effet aucune cohérence entre son projet initial et les changements de cap économique et social exigés par ses concitoyens, qui se moquent comme d'une guigne du déficit et de la dette.
Le gouvernement peut néanmoins alléger les charges des Français et leur redistribuer un peu d'argent si, en même temps, il réduit la dépense publique. Ce sont deux propositions incompatibles, mais il n'est pas totalement impossible d'imaginer une réforme de l'Etat qui réduirait le nombre des fonctionnaires ; elle serait très mal accueillie par les intéressés mais elle permettrait des économies utiles au pouvoir d'achat. Il faut bien comprendre ce jeu de vases communicants : toute largesse sociale implique des économies dans un autre domaine. Au point où nous en sommes du déficit budgétaire, nous n'avons pas d'autre solution que de compenser les baisses de prélèvements obligatoires par une réduction des dépenses. Bien que la crise politique soit aiguë et alarmante, tout, dans l'action de l'Etat, n'est pas nul : par exemple, le déficit de la Sécurité sociale a beaucoup diminué (il n'était plus que de un milliard à la fin de 2018) et les caisses de retraite ont mis un terme à leur hémorragie financière. La seule question porte sur la capacité politique d'un pouvoir aussi discrédité à conduire des changements aussi draconiens.
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