C'est une nouvelle qui passe mal auprès des médecins généralistes. À partir de ce lundi, les pharmaciens correspondants pourront désormais renouveler périodiquement les traitements chroniques de leur patientèle et ajuster si besoin les posologies des médicaments en vertu d'un décret publié dimanche 30 mai au Journal officiel. En entérinant ce décret, le gouvernement entend faciliter l'accès aux soins notamment dans les déserts médicaux.
Renouvellements simplifiés et posologie adaptée pour les pharmaciens
Jusqu'à maintenant, le rôle de pharmacien correspondant, – statut né en 2009 avec la loi Hôpital, santé et territoires (HPST) puis repris dans le PLFSS de 2019, était encore peu développé en France. Le pouvoir de renouvellement des traitements par les pharmaciens était d'ailleurs limité et ne pouvait se faire que dans de rares cas.
« Lorsqu'une ordonnance arrivait à son terme, le pharmacien pouvait délivrer le traitement pendant encore un mois, explique le Dr Jean-Paul Ortiz président de la CSMF, avant d'ajouter ; avec ce nouveau décret, le pharmacien pourra augmenter ce délai et adapter en plus les posologies. »
Le texte qui entre en vigueur prévoit en effet qu'après avoir été désigné par son patient auprès de l'assurance maladie (et en accord avec le médecin traitant), le pharmacien correspondant puisse « renouveler périodiquement des traitements chroniques et ajuster, si besoin, leur posologie » sous certaines conditions et dans un délai de douze mois maximum.
La réponse à la désertification médicale ?
Si la nouvelle est accueillie avec beaucoup d'enthousiasme par les pharmaciens, elle ne va pas dans le bon sens pour les médecins généralistes.
#JORF | Ce matin un pas de géant pour la pharmacie clinique
— Guillaume RACLE @Guillaume_RACLE) May 30, 2021
⚕️ Le pharmacien correspondant désigné par le patient
En coordination avec le médecin traitant
Pourra renouveler les traitements chroniques et ajuster, si besoin, leur posologie pic.twitter.com/Ydhwfvc89z
« Ce n’est pas parce que dans tel ou tel endroit il y a des problèmes de démographie médicale qu’il faut modifier le rôle et les missions de chacun. Le métier de médecin et de pharmacien sont deux métiers différents avec des missions différentes. Il faut respecter le contour de ces métiers. Le médecin prescrit, le pharmacien délivre. Respectons le, c’est fondamental pour maintenir une bonne qualité de prise en charge des patients » met en garde le Dr Jean-Paul Ortiz.
Dû côté de la FMF, le son de cloche est le même. « Au lieu de donner la possibilité aux pharmaciens de soigner pourquoi le gouvernement ne favorise-t-il pas l’implantation de médecins dans les zones où il n'y en a pas ? On sait que la démographie va diminuer dans les cinq ans à venir... Si on continue comme ça demain ce sont les aides soignantes qui auront le rôle des médecins », alerte le Dr Stéphane Pinard, médecin généraliste et président des généralistes de la FMF.
Une expérimentation en Bretagne signée en février
Le Dr Nikan Mohtadi, président de l'URPS de Bretagne et médecin généraliste se dit quant à lui « outré » par l'entrée en vigueur de ce décret. En février, il avait signé une expérimentation avec l'URPS des pharmaciens de Bretagne visant à « favoriser la coopération interprofessionnelle entre médecin généraliste et pharmacien ».
Mais selon lui, aucune « généralisation » n'avait été envisagée : « Tout l'enjeu de ce test était d'évaluer les difficultés rencontrées sur des territoires où la densité médicale est faible. Hors l'expérimentation n'a même pas débutée, ce décret ne se base donc sur aucun résultat », déplore-t-il, estimant que des « étapes ont été brûlées » par le gouvernement.
(Mis à jour le 01/06/2021 à 18 h )
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